Depuis plusieurs semaines, les regards sont tournés vers deux figures emblématiques de la classe politique béninoise : Boni Yayi, ancien président de la République (2006-2016), et Adrien Houngbédji, ex-président de l’Assemblée nationale et président historique du Parti du Renouveau Démocratique (PRD). Leurs rencontres répétées, tant à Cotonou qu’à Porto-Novo, suscitent interrogations, spéculations et même inquiétudes dans le landerneau politique national.

Un retour en grâce ou une recomposition politique ?
À l’heure où le Bénin se prépare pour les prochaines lections générales, notamment la présidentielle de 2026, la multiplication de ces entrevues ne saurait être anodine. Boni Yayi, redevenu président d’honneur du parti Les Démocrates, semble avoir repris du poil de la bête après des années d’isolement politique. De son côté, Adrien Houngbédji, longtemps silencieux depuis la débâcle électorale du PRD, multiplie les gestes d’ouverture.
Ces deux anciens adversaires politiques, aujourd’hui octogénaires, semblent avoir trouvé un terrain d’entente. Le contenu exact de leurs échanges reste confidentiel, mais des sources proches des deux camps évoquent la possibilité d’une coalition stratégique face à l’actuel pouvoir. S’agit-il d’une volonté de peser davantage sur les futures réformes politiques ou d’un projet de front républicain pour la sauvegarde de la démocratie ?
*Des intérêts convergents, un même souci de l’héritage*
Si tout les oppose en apparence – style de gouvernance, discours politique, base électorale – Boni Yayi et Adrien Houngbédji partagent aujourd’hui un même souci : leur héritage politique. Tous deux ont été, à différents moments, des piliers de la transition démocratique béninoise. Leur rapprochement actuel pourrait être interprété comme une tentative de réécrire ensemble les dernières pages de leur engagement, de peser une dernière fois sur l’histoire nationale.
*Entre nostalgie et calcul stratégique*
Derrière ces retrouvailles, certains analystes perçoivent aussi une forme de nostalgie du pouvoir. Dans un contexte politique marqué par la montée de nouvelles figures et le recul de plusieurs partis historiques, les deux vétérans cherchent peut-être à reconstituer un pôle d’influence. D’autres y voient un simple calcul stratégique, dans l’optique de redessiner les alliances politiques à l’horizon 2026.

Réactions contrastées dans l’opinion
Dans l’opinion publique, les réactions sont mitigées. Si certains saluent une initiative de sages pour restaurer le dialogue politique, d’autres y voient une tentative désespérée de vieux leaders refusant de passer le flambeau. Sur les réseaux sociaux, le rapprochement fait l’objet de moqueries, mais aussi de questions sérieuses : que cherchent-ils réellement ? Une réconciliation nationale ? Une revanche politique ? Ou un repositionnement tactique ?
*Un impact encore flou, mais une manœuvre à surveiller*
En attendant une communication officielle, les spéculations vont bon train. Ce rapprochement inédit entre deux géants du passé n’est pas sans conséquences sur l’échiquier politique. Il pourrait bousculer certaines certitudes et contraindre les forces en présence à revoir leurs stratégies.
Une chose est sûre : dans un Bénin où le paysage politique évolue rapidement, le duo Yayi-Houngbédji fait parler de lui. Sont-ils les architectes d’une nouvelle alternance ou les derniers témoins d’un monde en déclin ? L’histoire, une fois encore, tranchera.
Boris MAHOUTO