Au moins 20 personnes ont été tuées et 70 blessées vendredi dans l’une des pires attaques de missiles russes sur Odessa, une grande ville portuaire du sud de l’Ukraine déjà visée deux fois ces derniers jours.
Le président Volodymyr Zelensky a dénoncé une « attaque absolument ignoble » effectuée à l’aide de deux missiles, dont le deuxième a frappé « au moment où les sauveteurs et les médecins arrivaient sur le site de l’attaque ».
Cette double frappe a fait 20 morts, selon les services de secours, et 73 blessés, selon le dernier bilan fourni sur Facebook par le procureur général d’Ukraine, Andriï Kostine.
« Des habitants, un ambulancier et un secouriste », figurent parmi les personnes tuées, avait peu auparavant déclaré le gouverneur régional, Oleg Kiper, sur Telegram. Au moins huit employés des services d’urgence ont été blessés, avait précédemment dit le procureur.
La mairie a décrété une journée de deuil samedi à la suite de cette attaque, l’une des plus meurtrières sur Odessa depuis le début de l’invasion russe il y a deux ans.
Selon l’armée ukrainienne, les forces russes ont tiré « des missiles balistiques Iskander, de Crimée », annexée par la Russie en 2014. Il y a eu deux frappes consécutives sur le même site, a précisé le service des situations d’urgence.
Un premier tir de missile ayant endommagé des infrastructures civiles et provoqué un incendie, des secouristes sont arrivés et ont commencé à « éteindre le feu, déblayer les décombres et rechercher des victimes » lorsque « l’ennemi a lancé une autre attaque de missile », a expliqué le service des situations d’urgence.
« Notre ambulancier est mort. Serioja, un gars bien », a dit à l’AFP Alik, un chauffeur. « Nous avons été le premiers à arriver sur place (après la première frappe). Le secouriste aidait des blessés. Et puis il y a eu une deuxième frappe. Notre ambulance a été endommagée », a-t-il poursuivi.
Sur des images diffusées par les services d’urgence ukrainiens, on peut voir des secouristes blessés, le visage maculé de sang et de poussière, aidés par leurs collègues.
– « Roulette russe » –
« Nous vivons tous dans une roulette russe » en risquant d’être tué à tout moment, a ajouté Maria Slyzovska, une habitante du quartier touché.
Il s’agit de la troisième attaque mortelle depuis début mars sur Odessa.
Le 3 mars, une frappe de drone sur un immeuble d’habitation a fait 12 morts, dont cinq enfants, et le 6 mars un bombardement a fait cinq morts, au moment où le président Zelensky et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis étaient en déplacement dans cette ville.
Ces derniers mois la Russie a multiplié les attaques sur la ville et son port, une plateforme essentielle pour les exportations céréalières ukrainiennes en mer Noire via un couloir maritime instauré par Kiev après la sortie de Moscou d’un accord qui permettait à l’Ukraine d’exporter sa production.
Ce vendredi, jour où les Russes ont commencé à voter pour un scrutin présidentiel que Vladimir Poutine est assuré de remporter, Moscou et Kiev ont aussi fait état de civils tués dans des attaques mutuelles d’artillerie et de drones pendant la nuit.
Dans la région russe de Belgorod, frontalière de l’Ukraine, un civil et combattant ont été tués et deux civils blessés dans des bombardements ukrainiens, a annoncé le gouverneur de ce territoire, Viatcheslav Gladkov.
Des combattants russes pro-Kiev ont lancé ces derniers jours des incursions dans plusieurs régions russes. L’armée russe a assuré vendredi les avoir toutes repoussées.
– Intenses attaques dans l’est –
Les autorités d’occupation installées par Moscou ont pour leur part affirmé dans la matinée que trois enfants étaient morts dans des bombardements ukrainiens nocturnes à Donetsk, une ville de l’est de l’Ukraine contrôlée par la Russie.
La police ukrainienne a de son côté annoncé que des attaques de drones russes pendant la nuit avaient provoqué la mort d’un couple et fait deux blessés, des adolescents, dans la région de Vinnytsia (centre-ouest), à plus de 400 kilomètres de la ligne de front.
Dans le sud de l’Ukraine, une femme de 76 ans est morte dans un bombardement russe sur la région de Zaporijjia, a souligné l’administration régionale.
Le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky a déclaré vendredi que la Russie avait « concentré ses principaux efforts » autour d’Avdiïvka, une ville prise aux Ukrainiens en février, et y tentait « depuis plusieurs jours de percer la défense » ukrainienne.
Parallèlement, le centre ukrainien chargé des prisonniers de guerre a annoncé avoir récupéré les dépouilles de 100 soldats tombés au front.
Ce type d’échanges ainsi celui de militaires captifs constituent l’un des derniers domaines dans lesquels Moscou et Kiev coopèrent depuis le début de l’invasion.