Jérusalem intensifie sa coordination sécuritaire avec Moscou et cherche à limiter l’implication d’Ankara dans la Syrie post-Assad
Alors que les tensions entre le président américain Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky ont atteint un niveau sans précédent vendredi, Israël réévalue discrètement ses propres partenariats stratégiques en Syrie. Selon Ynet, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a récemment envoyé son secrétaire militaire, le général de division Roman Gofman, à Moscou pour une série de réunions diplomatiques et sécuritaires visant à renforcer la coopération tout en préservant les intérêts stratégiques d’Israël.
Gofman, rentré de Moscou vendredi, est considéré comme l’un des conseillers les plus proches de Netanyahou, particulièrement dans un contexte de relations tendues avec le chef d’état-major sortant Herzi Halevi et le directeur du Shin Bet Ronen Bar, que Netanyahou a menacé de limoger.
La position d’Israël sur la Syrie devient de plus en plus claire : Jérusalem préfère l’influence russe à l’expansion turque et travaille activement à limiter l’implication d’Ankara. L’un des principaux objectifs des réunions à Moscou était d’exhorter la Russie à faire pression sur le Hamas pour faire avancer les négociations sur la libération des otages israéliens. Israël s’inquiète également de la consolidation du pouvoir par des acteurs hostiles dans la Syrie post-Assad. Netanyahou a déjà intensifié la pression en exigeant publiquement la démilitarisation du sud de la Syrie. Selon Reuters, Israël presse les États-Unis de s’assurer que la Syrie reste « faible », notamment en permettant à la Russie de maintenir ses bases militaires – contrecarrant ainsi les efforts de la Turquie pour forger une alliance de sécurité avec le nouveau pouvoir syrien.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan devrait recevoir le nouveau président syrien, Ahmad al-Sharaa, leader des factions rebelles djihadistes qui ont renversé Assad. Leurs discussions porteraient sur l’établissement de bases militaires turques et la formation des forces armées syriennes reconstituées.
Lors d’une cérémonie de remise de diplômes d’officiers de Tsahal la semaine dernière, Netanyahou a réaffirmé la présence militaire israélienne dans des zones clés du Liban et de la Syrie. « Nous exigeons la démilitarisation complète du sud de la Syrie des forces du nouveau régime. Nous ne tolérerons aucune menace contre la population druze du sud de la Syrie », a-t-il déclaré. « Nous ne permettrons pas aux forces du HTS ou à la nouvelle armée syrienne d’entrer dans la zone au sud de Damas », a-t-il ajouté, faisant référence au groupe djihadiste autrefois dirigé par al-Sharaa.
Francisco LAWSON