L’ancien président des Etats-Unis Donald Trump fait face lundi à deux échéances cruciales devant la justice de New York qui pourraient écorner son image de milliardaire candidat à sa réélection en novembre.
Inculpé dans quatre affaires pénales et déjà condamné à de très lourdes amendes dans deux procès civils, le magnat de l’immobilier et tribun populiste conservateur a en principe rendez-vous à 09H30 (13H30 GMT) avec un juge du tribunal pénal de Manhattan pour qu’il fixe une nouvelle date à son procès historique dans une affaire de paiements à une actrice de films X.
Ce lundi aussi, devant cette même justice de l’Etat de New York, Donald Trump doit fournir la garantie qu’il paiera près d’un demi-milliard de dollars d’amendes auquel il a été condamné au civil, avec ses fils Eric et Don Jr., pour fraudes financières au sein de leur empire immobilier Trump Organization dans les années 2010.
Au risque de voir leurs patrimoine immobilier et comptes bancaires saisis par la procureure générale locale Letitia James qui les a traînés en justice en octobre 2022 jusqu’à les faire condamner par le juge new-yorkais Arthur Engoron le 16 février.
Si Donald Trump n’apporte pas de caution couvrant au moins 454 millions de dollars d’amendes plus intérêts, « son image changera radicalement aux yeux de beaucoup de gens car il s’est toujours affiché en milliardaire qui a réussi », résume pour l’AFP Andrew Weissmann, ancien procureur fédéral et auteur d’un livre sur les inculpations de l’ex-président.
« TOTALEMENT CORROMPU »
Sous pression, l’ancien locataire républicain de la Maison Blanche (2017-2021), qui rêve d’y retourner le 20 janvier 2025, a encore dénigré samedi, en lettres majuscules sur le réseau Truth Social, la procureure James et le juge Engoron: un magistrat « TOTALEMENT INCOMPETENT ET CORROMPU » et une cheffe du ministère public new-yorkais « QUI S’EN PREND A TRUMP ALORS QU’IL N’A FAIT ABSOLUMENT RIEN DE MAL ».
Donald Trump tempête régulièrement contre un jugement civil « bidon » et une « exigence inconstitutionnelle de garantie » imposée par une procureure générale « raciste » et un juge « contrôlé par la clique des démocrates ».
Letitia James est une magistrate afro-américaine, élue du Parti démocrate, et occupe une fonction et un rôle à la fois judiciaires et politiques.
Depuis des semaines, les avocats de M. Trump se disent dans l’incapacité de fournir cette caution censée suspendre, le temps d’un appel, le jugement de février qui interdit aussi à Trump père et fils de diriger leurs entreprises à New York pendant trois et deux ans.
Vendredi, l’ex-chef de l’Etat a assuré disposer de « près de 500 millions de dollars en liquide, dont une partie importante est destinée à être utilisée dans (sa) campagne » contre le président démocrate Joe Biden.
Trump « humilié »
Il a bénéficié aussi vendredi d’une bouffée d’oxygène financière avec un feu vert à l’entrée en Bourse de sa société de médias, Trump Media & Technology Group, qui pourrait lui rapporter des milliards de dollars et servir ainsi de caution.
Sinon, Donald Trump subira « une humiliation », juge Carl Tobias, professeur de droit de l’université de Richmond (Virginie, est).
Car il pourrait être forcé de « vendre ses biens immobiliers » ou se les faire « saisir » par la procureure James, comme la Trump Tower sur la 5e avenue et son immeuble de Wall Street, à Manhattan.
M. Tobias pense même que l’homme d’affaires pourrait « se déclarer en faillite personnelle ».
Ses avocats multiplient depuis des mois les recours pour retarder au maximum ses procès, si possible après la présidentielle du 5 novembre.
Pour son inculpation pénale pour des paiements avant la présidentielle de 2016 à une ex-star du porno, Stormy Daniels, avec qui il aurait eu une liaison extraconjugale en 2006, le procès devait commencer lundi.
Mais il a été repoussé le 15 mars d’au moins un mois.
Le juge de Manhattan Juan Merchan doit fixer lundi une nouvelle date à cette première judiciaire historique pour un ancien président américain qui encourt quatre ans de prison.
Repoussé de trois mois
La défense de Donald Trump, 77 ans, exige un ajournement d’au moins trois mois, le temps d’étudier des dizaines de milliers de pages de pièces versées en mars à la procédure.
Les avocats veulent aussi attendre que la Cour suprême à Washington tranche cet été sur la question de l’immunité pénale présidentielle.
Donald Trump nie toute liaison avec Stormy Daniels, Stephanie Clifford de son vrai nom.
Il a plaidé non coupable d’accusations de maquillage des comptes de Trump Organization pour cacher les 130.000 dollars versés en octobre 2016 afin qu’elle taise un rapport sexuel consenti dix ans plus tôt alors qu’il était marié avec Melania Trump.