La nouvelle a d’abord circulé sous forme de rumeur, suscitant inquiétudes et spéculations sur les réseaux sociaux. Désormais, l’information est confirmée : le journaliste et activiste béninois Hugues Comlan Sossoukpè a bel et bien été interpellé par la police à Abidjan, en Côte d’Ivoire, puis extradé vers le Bénin, où il est actuellement en garde à vue, selon des sources concordantes.
C’est à Abidjan, et non au Togo comme l’avaient initialement laissé entendre certaines publications, que l’interpellation a eu lieu. D’après les informations recueillies par le média en ligne Banouto, l’arrestation a été opérée en toute discrétion, dans un contexte qui reste entouré de zones d’ombre. Le journaliste, en exil depuis plusieurs années, aurait été invité par le ministère ivoirien du Numérique à participer à un forum international organisé dans la capitale économique ivoirienne. Selon ses proches, il était arrivé sur place depuis le lundi 7 juillet 2025. Mais depuis le jeudi 10 juillet après-midi, plus personne n’avait de ses nouvelles. Sa ligne téléphonique était coupée, ses comptes inactifs et aucun signe de vie n’était perceptible, ce qui a provoqué de vives inquiétudes dans son entourage.
Une disparition inquiétante devenue interpellation
Dans un premier temps, l’alerte a été donnée par des proches du journaliste qui ont saisi la rédaction de Banouto, redoutant une disparition forcée. « Il est injoignable et cela nous inquiète beaucoup. Ce n’est pas dans ses habitudes de rester silencieux aussi longtemps », confiait alors un membre de sa famille. Quelques heures plus tard, des sources bien introduites ont confirmé que Hugues Comlan Sossoukpè avait été arrêté par la police ivoirienne, dans ce qui apparaît désormais comme une opération coordonnée entre les services de sécurité ivoiriens et béninois. Il a été discrètement remis aux autorités béninoises, ce qui relance les débats sur la coopération sécuritaire entre États africains et les questions de protection des exilés politiques.
Une figure médiatique controversée
Hugues Comlan Sossoukpè n’est pas un inconnu du paysage médiatique béninois. Journaliste engagé, activiste influent sur les réseaux sociaux, il s’est fait remarquer ces dernières années par ses publications critiques et souvent polémiques à l’égard du régime en place à Cotonou. Sa page Facebook, suivie par plus de 69 000 abonnés, est devenue un espace d’information alternative et de dénonciation, relayant régulièrement des révélations et des documents sensibles. Fondateur du média en ligne Olofofo, il s’était exilé après avoir été visé par des poursuites judiciaires dans son pays natal. Son ton incisif et ses enquêtes à charge en faisaient l’un des journalistes les plus surveillés par les autorités béninoises. Pour l’heure, les chefs d’accusation à son encontre ne sont pas encore officiellement connus. Mais plusieurs observateurs estiment que ses publications critiques pourraient être à l’origine de son arrestation. Selon les dernières informations, il serait présenté au Procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet).
Boris MAHOUTO