Intrusion sur le site de Sèmè-Podji Tensions entre le Bénin et le Niger exacerbées
Dans une récente déclaration, le procureur de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a mis en lumière un incident inquiétant lié à l’exportation du pétrole nigérien. Selon ses affirmations, cinq individus de nationalité nigérienne ont été appréhendés pour s’être introduits frauduleusement sur le site stratégique de Sèmè-Podji, une plateforme essentielle dans le cadre des activités commerciales liées au pétrole. Cet événement survient dans un contexte de tensions persistantes entre le Bénin et le Niger, exacerbées par des différends frontaliers non résolus. Au fil des ans, les deux pays ont maintes fois été en désaccord sur la délimitation de leurs frontières, alimentant ainsi des frictions diplomatiques et des crispations politiques. L’intrusion de ces ressortissants nigériens sur le site de Sèmè-Podji soulève légitimement des interrogations quant aux motivations qui ont pu les pousser à agir de la sorte. Certains observateurs pourraient spéculer sur un possible acte d’espionnage industriel, visant à recueillir des informations confidentielles sur les activités commerciales de l’exportation du pétrole entre les deux nations. Face à cette situation, le procureur de la CRIET pourrait envisager une série de poursuites judiciaires à l’encontre de ces individus, envisageant notamment des accusations pour intrusion illégale sur un site industriel stratégique, espionnage économique, ou encore violation des lois régissant l’exportation de ressources naturelles. Cette affaire met en lumière l’urgence pour les autorités béninoises et nigériennes de renforcer la sécurité de leurs infrastructures critiques et de collaborer de manière étroite pour résoudre les différends frontaliers de manière pacifique et constructive. Il est impératif que les deux pays s’engagent dans un dialogue constructif et qu’ils mettent en place des mécanismes de coopération efficaces afin de prévenir de telles situations à l’avenir et de promouvoir la stabilité régionale.
Lire ci-après l’intégralité de la déclaration du Procureur de la Criet
Le 05 août 2019, la République du Bénin a conclu avec la société West African Oil Pipeline (Bénin) Company S.A. (WAPCO), un accord relatif à la construction et à l’exploitation d’un système de transport des hydrocarbures par pipeline. Cet accord qui vient à la suite de diverses conventions passées avec la République du Niger définit les conditions de construction et d’exploitation du pipeline devant permettre l’acheminement vers les marchés internationaux du pétrole brut du Niger par les côtes béninoises. L’article 29.6 de l’accord prévoit que l’État béninois autorise les autorités publiques nigériennes à accéder au compteur du terminal sis dans le terminal de la société WAPCO Bénin.Le 03 juin 2024, le Ministre de l’Énergie de l’Eau et des Mines de la République du Bénin, a confirmé à l’Administrateur Général deWAPCO Bénin, l’engagement de la partie béninoise à respecter les accords conclus mais a clairement indiqué que pour des raisons de sécurité, elle procèderait de manière encore plus avisée à la vérification de l’identité des personnes devant accéder au site. Dans la soirée du mercredi 05 juin 2024, des informations de sources dignes de foi qui me sont parvenues ont fait état de ce que des personnes se sont frauduleusement introduites sur le site de la station terminale de WAPCO BENIN à Sèmè- Kpodji.
Des investigations menées sur place, il ressort ce qui suit : Cinq ressortissants nigériens se sont introduits sur le site sans décliner leur identité. Au lieu d’emprunter l’entrée principale et de s’enregistrer à la guérite, ces personnes ont préféré utiliser une entrée dérobée située à l’arrière du site. Dans cette manœuvre, elles ont bénéficié de la complicité de l’Administrateur Général de WAPCO BENIN qui a pourtant reçu deux jours plus tôt la lettre du Ministre de l’Énergie, de l’Eau et des Mines à travers laquelle l’État béninois a exprimé de vives préoccupations sécuritaires.Pour justifier cette entrée frauduleuse sur le site, les intéressés ont indiqué être tous des employés de WAPCO Niger dont ils arborent les badges et précisé, qu’en cette qualité, ils n’avaient pas l’obligation de s’enregistrer à la guérite. Une telle justification est inopérante en raison de la sensibilité du site.
A l’étape actuelle, l’enquête a formellement établi qu’au moins deux parmi ces personnes sont des agents nigériens au service du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP). Ils se sont fait confectionner pour la circonstance de faux badges d’employés de WAPCO Niger. Les investigations se poursuivent pour déterminer les motivations réelles des mis en cause dans un contexte où des informations récurrentes font état de la planification d’actes d’atteinte à la sûreté de l’État du Bénin. Je ne manquerai pas, s’il y a lieu, de vous apporter de plus amples informations sur l’évolution de cette enquête.Je vous remercieFait au Parquet Spécial, le 6 juin 2024Le Procureur Spécial,
Elonm Mario METONOU