(Rien n’a filtré de la rencontre Talon-Yayi)
À peine la liste provisoire des duos retenus pour la présidentielle d’avril 2026 rendue publique par la Commission électorale nationale autonome (CENA), le parti “Les Démocrates” annonce un nouveau recours devant la juridiction compétente. Cette démarche intervient dans un contexte politique tendu, marqué par la rencontre inédite entre le chef de l’État Patrice Talon et l’ancien président Boni Yayi, chef de file du principal parti de l’opposition, dont le contenu reste pour l’heure confidentiel.
Un nouveau bras de fer entre Les Démocrates et la CENA
Le parti “Les Démocrates” n’a pas dit son dernier mot. Après la décision d’incompétence prononcée par la Cour constitutionnelle dans l’affaire de parrainage du député Michel Sodjinou, la formation dirigée par Boni Yayi engage une nouvelle bataille juridique. Cette fois, il s’agit de contester la publication par la CENA de la liste provisoire des duos de candidats à la prochaine élection présidentielle. Ladite liste, publiée il y a quelques jours, ne retient que deux duos sur les cinq ayant déposé des dossiers de candidature.

Deux duos validés, trois recalés
Selon la CENA, seuls les duos Romuald Wadagni – Mariam Chabi Talata, soutenu par quatre partis de la mouvance présidentielle, et Paul Hounkpè – Rock Hounwanou, représentant la Force Cauris pour un Bénin Émergent (FCBE), ont vu leurs dossiers validés. Les trois autres candidatures, dont celle présentée par “Les Démocrates”, ont été rejetées pour divers motifs administratifs et procéduraux. Une décision que le parti juge injuste et politiquement orientée, d’où sa volonté de faire appel.
Le recours fondé sur la loi électorale
“Les Démocrates” entendent s’appuyer sur l’article 43 de la loi n°2024-13 du 15 mars 2024 modifiant la loi n°2019-43 du 15 novembre 2019 portant code électoral.
Cet article dispose que : « La décision de rejet est notifiée aux concernés et peut faire l’objet d’un recours devant la juridiction compétente dans un délai de quarante-huit (48) heures. La juridiction compétente statue sur les recours dans un délai de cinq jours. » Sur la base de cette disposition, le parti a annoncé son intention de déposer son recours au plus tard ce samedi 25 octobre 2025, afin de défendre son droit à participer à la compétition électorale.
Une rencontre Talon-Yayi sous le sceau du secret
L’annonce de ce recours intervient dans un climat politique chargé. Quelques heures avant, une rencontre a eu lieu entre Patrice Talon et Boni Yayi, deux figures majeures de la scène politique béninoise, longtemps perçues comme rivales. Si les observateurs espéraient un dégel des tensions politiques ou un compromis sur la question du parrainage, rien n’a filtré des échanges entre les deux hommes. Ni la présidence, ni le parti “Les Démocrates” n’ont communiqué sur le contenu ou les conclusions de cet entretien, alimentant ainsi toutes les spéculations. Pour l’heure, on se contente des supputations sur les réseaux sociaux évoquant un probable accord de gouvernance entre Les Démocrates, FCBE et le BR.
Le nœud du conflit : l’affaire Michel Sodjinou
L’origine de cette crise remonte au retrait du parrainage par le député Michel Sodjinou, membre du parti “Les Démocrates”. Celui-ci reprochait à sa formation un manque de transparence dans la désignation de son duo candidat à la présidentielle. Face au refus du parti de lui restituer sa fiche de parrainage, le parlementaire avait saisi, le 13 octobre 2025, le tribunal de première instance de Cotonou. Dans son ordonnance rendue le même jour, le juge des référés avait ordonné la restitution du parrainage à M. Sodjinou et autorisé la CENA à lui en délivrer un nouveau si le parti ne s’exécutait pas.
Conformément à cette décision judiciaire, la CENA a annulé la première fiche de parrainage remise par le parti “Les Démocrates” et en a délivré une nouvelle au député. Cette situation a fragilisé la candidature du parti, qui s’est retrouvé sans le nombre requis de parrains pour valider son dossier.
Un climat politique sous tension
Ce nouvel épisode judiciaire illustre la tension croissante entre la CENA, la Cour constitutionnelle et les acteurs politiques à l’approche de la présidentielle. “Les Démocrates”, qui se considèrent comme victimes d’une exclusion programmée, multiplient les recours et dénoncent un processus « biaisé et verrouillé ». De son côté, la mouvance présidentielle assure que le respect des textes et la transparence du processus électoral restent garantis par les institutions.
Vers un nouveau test pour la démocratie béninoise
Alors que le dépôt du recours du parti d’opposition est imminent, les regards sont désormais tournés vers la juridiction compétente qui devra trancher dans les prochains jours. L’enjeu dépasse la simple validation d’une candidature : il s’agit de préserver la crédibilité du processus électoral et de rassurer les citoyens sur l’équité du scrutin présidentiel d’avril 2026.
Boris MAHOUTO