Le Bénin se projette vers l’avenir avec une ambition assumée : poser les fondations d’un développement durable, équitable et inclusif à l’horizon 2060. Dans cette perspective, le gouvernement a défini sept principes directeurs destinés à orienter l’action publique et à accélérer la transformation structurelle du pays au cours des 35 prochaines années.
Ces principes visent à garantir une gouvernance efficace, une société plus juste et des résultats concrets dans tous les secteurs clés du développement. Plus qu’un simple exercice de planification, il s’agit d’une vision stratégique de long terme, pensée pour transcender les alternances politiques, éviter les discontinuités institutionnelles, et engager durablement l’ensemble des acteurs — État, collectivités, citoyens, secteur privé, société civile, partenaires techniques et financiers.
Une boussole en sept points
Culture de la responsabilité et de l’éthique : La réussite de tout programme de développement repose d’abord sur la responsabilité individuelle et collective. Dans le cadre de la Vision Bénin 2060, il s’agit de bâtir une société où la reddition des comptes, la probité, le respect des engagements, la lutte contre la corruption et la promotion de valeurs citoyennes deviennent des réflexes quotidiens. Cela implique : une réforme en profondeur de l’administration publique pour y enrayer les pratiques déviantes (détournements, favoritisme, népotisme, impunité), une éducation civique renforcée dès l’école pour former des citoyens intègres, des institutions de contrôle indépendantes et dotées de moyens pour sanctionner les abus, aussi bien dans le secteur public que privé. L’éthique ne doit plus être une option mais une exigence partagée par tous.
Équité : Le développement ne saurait être durable s’il exclut les plus vulnérables. Le principe d’équité vise donc à corriger les inégalités structurelles, qu’elles soient économiques, sociales, territoriales ou de genre. À l’horizon 2060, l’objectif est de : réduire les écarts entre zones urbaines et rurales par un accès équitable aux services sociaux de base (éducation, santé, énergie, eau potable), promouvoir une redistribution plus juste des richesses créées au niveau national, renforcer les politiques sociales ciblées pour les couches marginalisées (enfants des rues, femmes chefs de famille, jeunes sans emploi, etc.), garantir un accès impartial à la justice et aux opportunités, quelles que soient les origines sociales.
Inclusivité : Une croissance qui ne bénéficie qu’à une minorité est une bombe à retardement. L’inclusivité est au cœur de la Vision 2060, qui entend mettre l’humain au centre du développement. Cela se traduit par : l’intégration systématique des groupes souvent marginalisés (femmes, jeunes, personnes handicapées, minorités culturelles) dans la prise de décision et la mise en œuvre des politiques, une gouvernance participative, avec des mécanismes de consultation citoyenne à chaque étape (budget participatif, conseils locaux, plateformes communautaires), le soutien à l’économie sociale et solidaire, notamment les coopératives rurales et les initiatives de développement local. L’État se donne pour mission de construire un Bénin pour tous, et non pour une élite.
Redevabilité mutuelle : La redevabilité ne concerne pas uniquement l’État. Dans la Vision 2060, elle devient une dynamique réciproque entre gouvernants et gouvernés. Le gouvernement s’engage à : publier régulièrement les résultats des politiques publiques (rapports d’évaluation, audits indépendants, bilans d’action), mettre en place des outils d’écoute et de retour d’information (baromètres citoyens, plateformes de signalement, open data), encourager les contre-pouvoirs : presse libre, parlement actif, société civile dynamique. En retour, les citoyens sont appelés à s’approprier la chose publique, à exercer leur droit de regard mais aussi leurs devoirs civiques : payer les impôts, protéger les biens communs, participer aux élections, dénoncer les abus.
Subsidiarité : Dans une logique d’efficacité, la Vision 2060 entend renforcer la gouvernance de proximité. Le principe de subsidiarité postule que chaque niveau de gouvernance doit intervenir uniquement dans les domaines où il est le plus compétent. Concrètement : l’État recentrera ses efforts sur la stratégie, les normes et les politiques nationales, les collectivités locales se verront confier davantage de compétences dans l’éducation, la santé, l’assainissement, l’aménagement du territoire, les communautés locales seront encouragées à initier des projets selon leurs priorités, avec des budgets participatifs et des mécanismes de suivi citoyen. Cela implique une réforme de la fiscalité locale, un renforcement des capacités humaines et une responsabilisation des élus locaux.
Gestion axée sur les résultats : Finie la culture des promesses non tenues. L’État s’engage dans une gouvernance de performance où chaque projet, programme ou politique est défini selon des objectifs précis, des indicateurs de suivi et des échéances claires. Cela nécessite : des systèmes de planification, de suivi et d’évaluation intégrés, l’obligation pour chaque ministère et structure publique de produire des résultats mesurables, une transparence accrue sur les dépenses publiques, avec des audits réguliers et des sanctions en cas de défaillance. La vision Bénin 2060 consacre une révolution managériale de l’administration publique, centrée sur l’efficience, la rigueur et l’innovation.
Partenariat renforcé : Aucun pays ne peut se développer seul. La Vision 2060 mise sur une dynamique collective de transformation, fondée sur des partenariats solides et complémentaires. À l’échelle nationale : le secteur privé est appelé à jouer un rôle moteur dans la création d’emplois et la croissance, le monde académique et les centres de recherche sont intégrés dans les politiques publiques pour éclairer les choix, les organisations de la société civile sont perçues comme des partenaires de veille, d’éducation citoyenne et de mise en œuvre des projets sociaux. À l’échelle internationale : le Bénin entend renforcer sa diplomatie économique pour attirer les investissements structurants, des partenariats stratégiques sont prévus avec des institutions multilatérales (BAD, FMI, ONU), des États amis, et la diaspora béninoise.
Une vision pour le long terme : La Vision Bénin 2060 n’est pas une déclaration de bonnes intentions. C’est un cadre stratégique pensé pour assurer la continuité et la cohérence de l’action publique, indépendamment des alternances politiques. Elle permettra aux futurs gouvernements : d’aligner leurs programmes sur des priorités stables, de corriger les écarts sans remettre en cause les fondamentaux, d’évaluer les progrès de manière transparente. Elle se veut un pacte intergénérationnel, garant de stabilité, d’harmonie sociale et de prospérité partagée.
Une démarche participative
L’élaboration de la Vision 2060 s’appuie sur une démocratie de la concertation : des forums thématiques régionaux et nationaux, des consultations citoyennes à la base, l’implication des universitaires, leaders religieux, jeunes, artistes, entrepreneurs, élus locaux et traditionnels. Le pari est simple mais ambitieux : faire du Bénin 2060 une œuvre collective, conçue par le peuple et pour le peuple, avec des objectifs clairs, une méthode inclusive et une mobilisation permanente.
Avec ces sept principes directeurs, le Bénin trace la voie d’un avenir ambitieux, réaliste et partagé. La Vision Bénin 2060, c’est le refus de la fatalité, le choix de la rigueur et l’appel à une mobilisation nationale pour construire, dès aujourd’hui, un pays plus juste, plus performant, et plus humain.
Boris MAHOUTO