Quinze personnes ont été tuées samedi par des miliciens en Ituri, deuxième attaque de civils en moins d’une semaine dans cette province troublée du nord-est de la République démocratique du Congo, a-t-on appris dimanche de plusieurs sources locales.
Cette fois encore, la population et les responsables locaux accusent les miliciens « Codéco » (Coopérative pour le développement du Congo), un groupe armé qui affirme défendre les intérêts de la tribu Lendu face à une tribu rivale, les Hema.
Les victimes, selon les sources interrogées par l’AFP, appartenaient à la communauté Hema.
Samedi en milieu d’après-midi, « les Codéco ont tendu une embuscade aux usagers de la route Katoto-Largu, au niveau du village de Tali, où ils ont arrêté 15 personnes dont une femme », a indiqué Jules Tsuba, président de la société civile du territoire de Djugu où s’est déroulée cette attaque.
« Ils les ont ligotées, ils les ont déshabillées » avant de les tuer. Certaines victimes ont été « égorgées, d’autres ont été exécutées par arme à feu », a précisé M. Tsuba.
Selon un acteur humanitaire, « les corps des victimes portent des traces de tortures ».
Cette attaque « intervient alors que nous connaissons une accalmie depuis plusieurs mois », a déploré l’administrateur du territoire, Ruphin Mapela, en confirmant le bilan de 15 morts.
« Nous avons cru qu’ils avaient cessé avec les violences, mais voilà ce qui arrive », se désole M. Tsuba, en rappelant que des accords de paix avaient été signés l’année dernière par différents groupes armés, dont les Codéco, après des discussions menées à Nairobi.
« Nous demandons au gouvernement d’accélérer le processus de paix à travers le P-DDRCS », programme de désarmement et de réinsertion communautaire des miliciens, dit-il.
Mardi dernier, des miliciens Codéco présumés avaient tué sept orpailleurs sur des sites miniers du même territoire de Djugu.
Un conflit entre milices communautaires en Ituri, province riche en or, avait déjà fait des milliers de morts entre 1999 et 2003, jusqu’à l’intervention d’une force européenne, l’opération Artémis. Le conflit a repris fin 2017, provoquant de nouveau la mort de milliers de civils et des déplacements massifs de populations.