Le débat politique béninois s’anime à mesure que s’approchent les élections générales de 2026. Dans un point de presse tenu ce lundi 15 septembre 2025, le parti Les Démocrates (LD) a vivement dénoncé ce qu’il qualifie de « manœuvres d’exclusion et de contrôle » orchestrées par l’Administration fiscale à travers l’exigence du quitus fiscal, document devenu incontournable pour toute candidature électorale.*
Vendredi dernier, la Direction générale des impôts (DGI) a annoncé l’ouverture de la plateforme en ligne dédiée à la demande et à la vérification de la validité du quitus fiscal, conformément à l’article 41 nouveau du Code électoral adopté en mars 2024. Cette disposition impose aux candidats de présenter un quitus fiscal couvrant les trois dernières années.
Un outil légitime… mais manipulé, selon LD
Dans sa déclaration, le parti d’opposition a reconnu la pertinence du principe : « tout citoyen aspirant à gérer un mandat public doit être à jour dans le paiement de ses impôts », a souligné le communiqué. Toutefois, Les Démocrates estiment que le régime dit de la Rupture détourne cet outil administratif pour en faire « une arme politique redoutable d’exclusion ».
Selon le parti, l’expérience des scrutins passés plaide en ce sens. Déjà en 2019, puis lors des législatives de 2023, le quitus fiscal aurait servi à écarter plusieurs figures de l’opposition, y compris des candidats dont la situation fiscale était régulière. « L’administration fiscale, politisée, a imposé des montants fantaisistes de plusieurs millions à certains opposants, alors même qu’ils avaient obtenu un quitus fiscal pour la présidentielle de 2021 », dénonce le document.
Les inquiétudes pour 2026
La récente ouverture tardive de la plateforme par la DGI renforce les craintes des Démocrates. Le parti rappelle avoir saisi à plusieurs reprises le ministre des Finances et le directeur général des impôts – notamment les 17 mars et 8 août 2025 – pour demander une mise en ligne plus anticipée, en vain.
Plus encore, la configuration actuelle de la plateforme alimente les soupçons. Les candidats sont contraints d’y préciser le type d’élection visé et ne peuvent formuler une demande que pour un seul scrutin. « C’est une violation manifeste du Code électoral qui n’interdit à aucun citoyen de présenter des dossiers pour plusieurs élections », martèle LD.
Le parti redoute que cette exigence ne serve de prétexte à l’administration fiscale pour « faire main basse sur certains quitus fiscaux » et fragiliser ses principales figures à l’approche des échéances de 2026.
Un appel à la vigilance et à la mobilisation
Face à ce qu’il considère comme une « énième instrumentalisation de l’appareil d’État », le parti Les Démocrates appelle à la dépolitisation des organes impliqués dans l’organisation des élections et à la délivrance impartiale des quitus fiscaux. « Tout citoyen à jour de ses impôts doit être libre de se porter candidat à l’élection de son choix », insiste le parti.
Dans un appel solennel, Les Démocrates exhortent leurs militants, le peuple béninois et la communauté internationale à rester vigilants afin qu’aucune candidature ne soit écartée de manière arbitraire.
Une marche “irréversible” vers 2026
En conclusion, le parti réaffirme sa détermination à prendre part aux trois scrutins prévus – législatif, communal et présidentiel – et à poursuivre sa « marche irréversible pour la victoire ». « Dieu bénisse et garde le Bénin », a conclu le communiqué signé du Parti Les Démocrates, scellant ainsi une nouvelle étape de la bataille politique autour du quitus fiscal, désormais placé au cœur de la préparation des élections générales de 2026.
Boris MAHOUTO