Le vendredi 13 juin 2025, la Salle du Peuple du Palais de la Marina a servi de cadre à un important séminaire gouvernemental consacré à l’évaluation de la gouvernance locale et aux perspectives de la réforme de la décentralisation au Bénin. Présidée par le Chef de l’État, Monsieur Patrice Talon, cette rencontre de haut niveau a mobilisé l’ensemble des acteurs clés de la décentralisation : préfets des douze départements, maires des soixante-dix-sept communes et leurs adjoints, secrétaires exécutifs des mairies, ainsi que des représentants de l’Association Nationale des Communes du Bénin (ANCB).

En présence des membres du gouvernement, cette rencontre s’est voulue un temps fort de réflexion et de concertation autour d’une réforme majeure lancée depuis 2022, dans le cadre de la dynamique de modernisation et d’optimisation de l’action publique territoriale.
Consolider les acquis de la réforme, écouter les réalités du terrain
Dans son discours d’ouverture, le Président de la République a rappelé l’importance stratégique de la réforme de la décentralisation, présentée comme l’un des piliers de son projet de transformation de l’État. « La gouvernance décentralisée doit être le fer de lance de l’action publique, permettant la satisfaction des besoins de base et amorçant notre développement global », a-t-il affirmé avec conviction.

Trois ans après le démarrage effectif de cette réforme structurelle, l’heure était venue de faire un arrêt, de mesurer les progrès accomplis, d’identifier les insuffisances et de recueillir, dans un esprit de vérité et de responsabilité, les retours d’expérience des élus locaux et des cadres techniques sur le terrain.
Un diagnostic lucide pour une dynamique de changement
Lucide sur les pesanteurs du passé, le Président Talon a rappelé que la réforme de la décentralisation n’était pas un simple réaménagement administratif, mais une rupture assumée avec les pratiques antérieures, jugées peu efficaces. Confusion des rôles, chevauchement des compétences, gestion opaque, absence de reddition de comptes… le diagnostic avait été posé dès 2016. « Fallait-il continuer ainsi, ou bien prendre les décisions courageuses pour changer la donne ? » a-t-il interrogé, avant d’ajouter : « Nous avons fait le choix de la réforme, et nous devons maintenant nous assurer qu’elle produise les résultats escomptés. »
Le Président a insisté sur l’esprit de la réforme, fondée sur une séparation claire des responsabilités : aux élus locaux la définition des grandes orientations politiques, aux Secrétaires Exécutifs la gestion quotidienne et la mise en œuvre technique, dans le strict respect des règles de bonne gouvernance et de performance.

Une réforme saluée, mais des ajustements attendus
Prenant la parole au nom des communes, le président de l’ANCB, M. Luc Sètondji Atrokpo, a salué l’engagement constant du Chef de l’État en faveur du renforcement des collectivités territoriales. « Aucune commune n’est laissée pour compte. Vos actions sont visibles du nord au sud, de l’est à l’ouest, en passant par le centre », a-t-il affirmé.
Il a également souligné les effets stabilisateurs de la réforme du système partisan sur les conseils communaux, facilitant ainsi la mise en œuvre des Plans de Développement Communaux (PDC). Toutefois, les élus ont profité de cette tribune pour formuler plusieurs doléances prioritaires : la reprise de la délivrance des Attestations de Détention Coutumière (ADC), en attendant la généralisation du titre foncier, afin de sécuriser les transactions foncières et renforcer les recettes locales ; la clarification du statut des maires issus de la fonction publique, souvent confrontés à des situations administratives ambigües ; l’intégration effective des véhicules de fonction dans le patrimoine des communes, pour en assurer la gestion et l’affectation en conformité avec les textes en vigueur.
Un appel à un partenariat plus fort et dépolitisé
Le Président Patrice Talon, fidèle à sa posture de dialogue républicain, a invité l’ensemble des participants à s’exprimer sans langue de bois, assurant que le gouvernement était prêt à examiner objectivement toutes les propositions formulées. Il a aussi lancé un appel à l’unité et à la responsabilité collective : « Le Bénin nous appartient à tous. Nous avons l’obligation de le construire ensemble, pour les générations futures. »
Au-delà des divergences partisanes, ce séminaire a mis en lumière une volonté commune : faire de la décentralisation non pas une simple politique administrative, mais un véritable moteur de développement à la base, adapté aux réalités locales, appuyé par un État stratège, mais à l’écoute.
Une étape décisive pour un nouvel élan territorial
Ce séminaire marque une étape décisive dans la mise en œuvre de la réforme de la décentralisation au Bénin. Il témoigne d’un double engagement : celui du gouvernement à consolider une gouvernance territoriale plus efficace et transparente, et celui des communes à jouer pleinement leur rôle d’acteurs de développement local. Le dialogue État-Collectivités locales, ainsi renouvelé et renforcé, laisse entrevoir de nouvelles perspectives pour la réussite de la réforme et l’amélioration tangible du bien-être des populations béninoises.
Boris MAHOUTO