Le Barreau béninois pleure l’un de ses membres les plus emblématiques. L’avocat Me Paul Kato Atita, figure bien connue du monde judiciaire et défenseur infatigable des causes sensibles, est décédé ce vendredi 10 octobre 2025 à Porto-Novo, des suites d’une maladie.
La nouvelle de sa disparition a suscité une vive émotion aussi bien au sein du corps judiciaire que dans la société civile. Connu pour son franc-parler et son engagement sans faille, Me Kato Atita était surnommé « l’avocat des dossiers compliqués » ou encore « l’avocat des opposants », tant il s’est illustré dans plusieurs affaires politiques à haute tension.
Un avocat au verbe libre et au courage rare
Au fil des années, Me Kato Atita s’était imposé comme une voix dissonante dans le paysage judiciaire béninois. Sa réputation s’est construite sur sa capacité à défendre les causes réputées perdues d’avance, souvent celles des opposants au régime en place.

On se souvient notamment de son rôle dans le dossier dit de la « tentative de coup d’État », dans lequel étaient poursuivis l’ancien ministre des Sports, Oswald Homéky, et l’homme d’affaires Olivier Boko. Avocat de la défense, il n’avait pas hésité à dénoncer publiquement les irrégularités de la procédure et à demander, fait rarissime, l’audition du chef de l’État, Patrice Talon, en 2024.
Une dernière bataille judiciaire
Cette affaire, largement médiatisée, fut l’un de ses derniers combats. Sa dernière sortie publique remontait justement à 2024, lors d’une conférence de presse au cours de laquelle il avait critiqué la judiciarisation des différends politiques et plaidé pour le respect des droits de la défense.
Malgré la maladie qui le rongeait, Me Paul Kato Atita n’avait jamais cessé de défendre sa conception d’une justice libre, indépendante et courageuse.
Une perte immense pour le Barreau
Sa disparition laisse un vide profond dans la communauté juridique béninoise. Plusieurs confrères, anciens clients et observateurs de la vie publique lui rendent déjà hommage, saluant un homme de conviction, un professionnel rigoureux et un esprit indomptable. « Il défendait ses causes avec passion, même lorsqu’elles étaient impopulaires. C’était un avocat de cœur et de courage », témoigne un confrère du Barreau de Cotonou.
Me Paul Kato Atita s’éteint à l’âge de 66 ans, laissant derrière lui le souvenir d’un avocat qui croyait en la justice, non comme un instrument de pouvoir, mais comme un rempart contre l’arbitraire. Que son âme repose en paix.
Boris MAHOUTO