Nommés il y a seulement quelques jours, les ministres conseillers semblent déjà prendre une place prépondérante dans l’appareil gouvernemental, reléguant parfois les ministres titulaires au second plan. Ce phénomène, loin d’être anodin, révèle une lutte d’influence feutrée au sommet de l’État.
Officiellement chargés d’épauler les ministres et d’apporter une expertise technique ou stratégique, les ministres conseillers se retrouvent souvent dotés d’un pouvoir considérable. Proches du chef de l’État ou des cercles décisionnels, ils bénéficient d’un accès privilégié aux sphères de pouvoir, leur permettant d’intervenir directement sur des dossiers clés. Résultat : certains ministres titulaires peinent à asseoir leur autorité, confrontés à l’omniprésence de ces conseillers influents. Des conseillers plus puissants que les ministres.
*Une rivalité qui s’installe*
Dans les couloirs du gouvernement, les tensions se font déjà sentir. Qui donne les orientations ? Qui décide réellement ? Pour certains observateurs, cette situation traduit une mise sous tutelle de certains ministres jugés peu autonomes ou en manque de poids politique. « Les ministres conseillers sont souvent les véritables relais du président. Leur parole pèse parfois plus que celle du ministre en charge du portefeuille », confie un haut cadre de l’administration.
*Un risque d’instabilité gouvernementale*
Cette compétition entre titulaires et conseillers pourrait fragiliser la cohésion gouvernementale. Si les ministres peinent à imposer leur leadership face à des conseillers tout-puissants, la lisibilité de l’action gouvernementale pourrait en pâtir. De plus, l’absence de clarté dans la répartition des rôles pourrait entraîner des blocages administratifs et des conflits internes nuisibles à l’efficacité du gouvernement. Alors que cette dynamique ne cesse de s’amplifier, une question demeure : ces ministres titulaires parviendront-ils à reprendre la main, ou se contenteront-ils d’être les exécutants d’un pouvoir parallèle exercé par leurs propres conseillers ? Une autre question, est-ce une manière pour le président Patrice Talon, de compenser les carences de gouvernance des ministres titulaires et par conséquent, leur retirer sa confiance ? Bien malin qui pourra le dire.
Boris MAHOUTO