Le mardi 23 septembre 2025, la salle polyvalente du Palais des Congrès de Cotonou sera le théâtre d’une réflexion de haut niveau sur l’avenir de la démocratie en Afrique francophone. À l’initiative de l’Académie Nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin (ANSALB), la cinquième édition du programme « Grandes Conférences » réunira chercheurs, universitaires, journalistes et intellectuels autour d’un thème brûlant : « Pays francophones d’Afrique : entre démocratie et dictature ».
Une mission scientifique et citoyenne
Institution savante, apolitique et non alignée, l’ANSALB se donne pour mission d’éclairer la société et de conseiller les décideurs sur des sujets stratégiques. Avec ce cycle de grandes conférences, elle entend rapprocher la réflexion académique des préoccupations citoyennes. Le choix de ce thème témoigne d’une volonté d’apporter un éclairage objectif sur les paradoxes politiques en Afrique subsaharienne, notamment la césure entre pays francophones et anglophones.
L’exemple ghanéen comme point de départ
Le document introductif de la conférence rappelle un fait marquant : lors de la présidentielle de décembre 2024 au Ghana, le vice-président sortant Mahamudu Bawumia a reconnu sa défaite dès le lendemain du scrutin, avant même la proclamation officielle des résultats. Une alternance paisible, dans la lignée des expériences récentes au Nigeria et au Libéria, qui tranche avec les crises post-électorales souvent observées dans les pays francophones voisins.
Des questions cruciales au cœur des débats
Pourquoi la démocratie peine-t-elle à s’enraciner dans l’espace francophone alors qu’elle semble mieux fonctionner dans les pays anglophones ? Les élites francophones sont-elles réellement attachées à l’idéal démocratique ? Le développement est-il compatible avec la démocratie ou faut-il se résoudre à la dictature pour progresser ? Quelle place reste-t-il pour la liberté de la presse dans ce contexte ? Autant d’interrogations auxquelles les participants tenteront de répondre.
Une conférence inaugurale et deux panels de haut niveau
Le programme prévoit une conférence inaugurale animée par le professeur Francis Akindès (Université Alassane Ouattara de Bouaké), sur le thème : « Démocratie et développement : une corrélation fragile ». Deux panels suivront : Panel 1 : La difficile implémentation de la démocratie en Afrique francophone.
Trois cas seront étudiés : le Togo, l’Alliance des États du Sahel (AES) et le couple Côte d’Ivoire/Guinée.
Les conférenciers annoncés sont : Nathanaël Kitti, juriste (UAC), sur « L’état de la démocratie au Togo : réflexions sur un changement de régime ». Patrick Hinnou, sociologue (UAC), sur « Sécurité, démocratie et développement : le cas des pays de l’AES ». Christophe Lihouenou, politiste (Université de Parakou), sur « Côte d’Ivoire et Guinée : les limites des révisions constitutionnelles ». Panel 2 : La liberté de la presse au Bénin. Patrick Adjivessodé, historien (UAC), interviendra sur « La liberté de la presse au Bénin de 1960 à nos jours ». Virgile Ahouansè, journaliste, analysera « La liberté de la presse au Bénin : entre mythe et réalité ».
Un enjeu démocratique et citoyen
À travers ces interventions et les débats, l’ANSALB entend offrir une lecture lucide de l’évolution politique en Afrique francophone. L’objectif est de proposer des pistes de sortie de crise et de contribuer à l’édification d’un minimum démocratique commun.
Pour l’Académie, il ne s’agit pas seulement de dresser un état des lieux, mais d’interpeller les élites et les citoyens sur leur responsabilité dans la construction d’une démocratie viable et durable.
Un rendez-vous attendu
La rencontre s’ouvrira à 9h par le discours du président de l’ANSALB et s’achèvera dans l’après-midi par une cérémonie de clôture. L’événement s’annonce comme un moment fort du calendrier intellectuel et politique du Bénin, à quelques mois des échéances électorales de 2026.
Boris MAHOUTO