Après le traditionnel défilé militaire organisé à l’occasion du 65e anniversaire de l’accession du Bénin à la souveraineté internationale, le président de la République, Patrice Talon, s’est offert un bain de foule symbolique sur l’esplanade de l’Amazone. Sous les ovations et les regards émus, le chef de l’État a une fois de plus affiché sa proximité avec le peuple, dans un contexte particulier : celui de la fin annoncée de son dernier mandat constitutionnel.
Souriant, détendu, mais visiblement ému, Patrice Talon a serré des mains, salué les troupes, échangé quelques mots avec des citoyens venus nombreux assister aux festivités. Ce moment de communion populaire, à forte charge symbolique, a été suivi d’un entretien exclusif accordé à la SRTB. Dans cet échange, le président a fait le bilan de ses dix années à la tête du pays, livrant une parole empreinte de sincérité, de lucidité et de hauteur républicaine. « J’ai personnellement le sentiment que j’ai donné le meilleur de moi-même. Je suis allé jusqu’au bout de mes efforts, de mon imagination, de ma réflexion, de tout ce que je possède comme potentiel. J’ai travaillé avec bonne foi », a-t-il déclaré avec gravité, avant de poursuivre : « Même si j’ai pu me tromper souvent, n’étant pas Dieu, je demande aux Béninois de me pardonner mes insuffisances, et de croire au destin commun. Je veux leur dire que le meilleur est à venir, que demain sera encore meilleur à aujourd’hui… »
Ces mots, forts et pleins de sens, résonnent comme une forme de testament politique. En mettant l’accent sur la bonne foi, l’effort constant et l’humilité face aux erreurs humaines, Patrice Talon semble tirer un trait définitif sur son passage à la magistrature suprême. Sans triomphalisme, il revendique cependant d’avoir « fait le boulot » durant ses deux mandats, apportant à son pays une série de réformes majeures dans les domaines de l’économie, des infrastructures, de la gouvernance et de la diplomatie.
Pour beaucoup d’observateurs, ce 1er août 2025 marque ainsi l’entrée officielle dans la dernière ligne droite du quinquennat Talon. Un moment que le président a souhaité vivre dans la proximité et la simplicité, à l’image de son style direct et pragmatique qui aura marqué la scène politique béninoise depuis 2016.
Au-delà des discours, cette séquence post-défilé aura cristallisé l’idée d’un départ annoncé, assumé et revendiqué comme tel. Dans un contexte africain où la tentation du pouvoir à vie reste une menace, Patrice Talon, en homme d’affaires devenu homme d’État, confirme une fois de plus sa volonté de respecter la parole donnée et l’esprit républicain.
Les mois à venir s’annoncent déterminants pour la transition politique à venir. Mais en ce jour d’indépendance, ce sont les mots d’apaisement et d’espoir qui auront dominé : « Le meilleur est à venir… » Une phrase qui, à elle seule, pourrait résumer l’héritage d’un président qui veut désormais passer le flambeau et espérer se faire « porter en triomphe », un vœu cher formulé en tout début de mandat.
Boris MAHOUTO