La Maison Blanche a dévoilé mercredi un paquet d’aides et de subventions, d’un montant de près de 20 milliards de dollars, pour permettre au géant américain des semi-conducteurs Intel d’augmenter sa production de ces composants incontournables.
Il s’agit du montant le plus élevé annoncé à ce jour par le gouvernement du président Joe Biden pour lutter contre la puissance de la Chine dans cette industrie cruciale.
Le président a décidé de faire cette annonce lors d’un déplacement en Arizona, pour donner un coup de projecteur aux mesures adoptées pendant son mandat dans les Etats qui devraient être décisifs lors de l’élection présidentielle de novembre.
Comme en 2020, M. Biden va être opposé à l’ancien président républicain Donald Trump dans la course à la Maison Blanche.
Cette année-là, l’Arizona (sud-ouest) avait offert la victoire au démocrate mais avec l’un des résultats les plus serrés du pays, seulement 10.457 voix d’écart.
Un nouveau succès dans cet Etat pourrait s’avérer décisif pour le président en exercice, qui cherche à convaincre les électeurs restant sceptiques à l’égard de son bilan économique, malgré les récentes statistiques positives concernant la croissance, les créations d’emplois, un taux de chômage faible ou encore un ralentissement de l’inflation.
« Le ministère du Commerce est parvenu à un accord préliminaire avec Intel pour lui fournir jusqu’à 8,5 milliards de dollars de financements directs et 11 milliards de dollars de prêts dans le cadre du +Chips and Science Act+ », a détaillé la Maison Blanche dans un communiqué.
Cette loi, qui date de l’été 2022, prévoit 52,7 milliards de dollars pour relancer la production de semi-conducteurs aux Etats-Unis.
L’enveloppe annoncée mercredi participera « à la construction et à l’agrandissement des infrastructures d’Intel en Arizona, dans l’Ohio, au Nouveau-Mexique et dans l’Oregon », a ajouté la Maison Blanche.
Grâce à ces investissements, elle anticipe la création de près de 30.000 emplois directs et « le soutien à des dizaines de milliers d’emplois indirects ».
– 100 milliards de dollars –
La secrétaire au Commerce Gina Raimondo a expliqué à des journalistes, en amont de l’annonce officielle, qu’Intel allait investir l’équivalent de plus de 100 milliards de dollars.
Selon elle, cela représente l’un des investissements les plus élevés jamais réalisés dans l’industrie des semi-conducteurs dans le pays.
Et il va permettre aux Etats-Unis de se rapprocher de leur objectif de produire, d’ici 2030, 20% des puces de dernier cri fabriquées dans le monde, a-t-elle ajouté, soulignant que le niveau actuel était de zéro.
« Nous dépendons d’un très petit nombre d’usines en Asie pour la totalité de nos microprocesseurs les plus sophistiqués. C’est intenable et inacceptable », a commenté la ministre.
« C’est un problème de sécurité économique. C’est un problème de sécurité nationale. Et nous allons changer cela », a-t-elle affirmé.
La Maison Blanche a fait savoir qu’Intel avait, par ailleurs, l’intention de tirer avantage d’un crédit d’impôts sur les investissements pouvant atteindre 25% de certaines dépenses, ce qui pourrait augmenter de manière importante le soutien financier qu’il serait susceptible de recevoir de la part du gouvernement américain.
Cet avantage fiscal découle d’une autre mesure législative du gouvernement Biden, l’Inflation Reduction Act (IRA), également adopté en 2022. Il s’agit d’un vaste programme de transition énergétique et de réformes sociales.
« L’investissement d’Intel représente une partie prometteuse d’un grand revirement dans l’histoire américaine, avec le retour aux Etats-Unis de la production de semi-conducteurs de premier plan pour la première fois en quarante ans », a commenté Lael Brainard, principale conseillère économique de Joe Biden, lors de la même intervention que Mme Raimondo.
« Avec le soutien de la loi CHIPS, les 100 milliards de dollars d’investissement d’Intel trouvent leur place au sein de la promesse du président Biden de bâtir l’avenir de l’industrie des semi-conducteurs ici, aux Etats-Unis », a relevé Mme Brainard, précisant que 10.000 emplois allaient être créés dans la production et 20.000 dans le secteur de la construction.
L’Arizona et l’Ohio, deux « Swing States » — susceptibles de pencher pour les démocrates ou pour les républicains d’une présidentielle à l’autre — devraient bénéficier du plus grand nombre de créations d’emplois.