Si le bitcoin a capté l’essentiel de la lumière ces dernières semaines, avec un record à la clef, une autre cryptomonnaie majeure, l’Ether, connaît, elle aussi, une ascension fulgurante et dispose de quelques atouts propres pour aller encore plus haut.
Lancé en 2015, l’Ether ou Ethereum est désormais, de très loin, la deuxième devise numérique en valeur totale, estimée désormais à plus de 460 milliards de dollars.
Au même titre que d’autres comme le Solana ou le Dogecoin, il a profité de l’autorisation, aux Etats-Unis, d’un nouveau produit de placement en bitcoin, l’ETF, mi-janvier, explique James Butterfill, de la société d’investissement CoinShares.
Ces ETF permettent aux investisseurs de profiter des variations du bitcoin sans en acheter directement et leur offre la capacité de se désengager à tout moment.
Leur lancement a entraîné un afflux d’argent frais qui a permis au bitcoin d’établir vendredi un nouveau record, à 70.085 dollars l’unité.
Mais dans le même temps, l’Ether a fait mieux que son grand frère, bondissant de près de 72% depuis le début de l’année contre seulement 61% pour le bitcoin.
Cette surperformance tient en bonne partie « aux anticipations qu’un ETF Ethereum puisse être approuvé aux Etats-Unis », selon Dessislava Aubert, du cabinet d’analyse Kaiko.
Plusieurs sociétés de gestion ont ainsi sollicité l’autorisation du régulateur américain des marchés financiers, la SEC, pour mettre sur le marché ces produits de placement en Ether.
La SEC est tenue par un calendrier et devra se prononcer, au plus tard, sur les premiers dossiers déposés, ceux de VanEck et Ark 21Shares, le 23 mai.
« L’Ethereum se réveille, car les investisseurs s’attendent à un feu vert » réglementaire, selon Michaël van de Poppe, de MN Trading, pour qui « les gens sont en train de passer du bitcoin à l’Ethereum, dans lequel ils voient une opportunité de rendement. »
– Plus gros que le bitcoin ? –
Au-delà de l’effet ETF, la devise numérique imaginée par le programmeur russe Vitalik Buterin a plusieurs cartes dans sa manche.
Pour Simon Peters, de la plateforme d’échanges de cryptomonnaies eToro, l’Ethereum est aussi porté par la perspective du « Dencun », importante mise à jour de la technologie sous-jacente à cette devise numérique, prévue le 13 mars.
Cette étape majeure doit améliorer les capacités de traitement des transactions et abaisser leur coût, mais aussi libérer la croissance d’un écosystème aux applications multiples.
« Le bitcoin permet de stocker de la valeur, alors que l’Ethereum a beaucoup plus de potentiel d’utilisation », rappelle James Butterfill. Il est notamment la destination de choix pour les NFT (non fungible token), les certificats d’authenticité numérique qui ont tant fait parler d’eux il y a trois ans.
Les deux cryptomonnaies ne sont ainsi pas en concurrence directe, selon Michaël van de Poppe, car le bitcoin est « de la monnaie pure » tandis que l’Ether « est un investissement dans l’ensemble de l’écosystème +blockchain+ », la technologie sur laquelle sont construites les devises numériques.
L’Ethereum a pour lui d’avoir déjà négocié sans encombre deux transformations techniques majeures en autant d’années, notamment le passage à un système moins consommateur d’énergie, en septembre 2022.
L’humeur est « à l’optimisme croissant » quant à un « Dencun » qui « se passerait sans incident », avance James Butterfill, renforçant la crédibilité de la devise.
L’analyste souligne également que l’Ether, de par son fonctionnement même, offre le « bénéfice supplémentaire » d’intérêts générés par ses détenteurs.
Le mécanisme de création de cette devise passe par l’immobilisation d’Ether déjà existants, méthode appelée « Proof of Stake », qui diffère de celle du bitcoin, laquelle requiert des calculs très complexes (« Proof of Work »).
Les possesseurs d’Ether qui acceptent d’en bloquer tout ou partie reçoivent une rémunération de quelques pourcents par an, un revenu qui s’ajoute à la plus-value potentielle en cas d’appréciation de cette monnaie.
Le processus dit « Proof of Stake », adopté en septembre 2022, a très nettement augmenté la quantité d’Ether immobilisée, relève Simon Peters, à 21% actuellement contre 10% seulement il y a 18 mois.
« Il y a moins d’Ethereum en circulation », insiste l’analyste. « Et si la demande augmente » avec l’arrivée de nouveaux investisseurs, « étant donné la contraction de l’offre, les prix devraient grimper. »
« L’Ethereum va monter davantage que le bitcoin », prédit Michaël van de Poppe, « et il y a même une chance que sa capitalisation totale finisse par dépasser celle du bitcoin. »