L’ancien directeur général de la police nationale, Louis Philippe Houndégnon, a comparu une nouvelle fois devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) ce lundi 24 février 2025. Lors de cette troisième audience, l’examen des éléments à charge s’est focalisé sur des extraits de conversations retrouvés dans son téléphone, impliquant un ancien ministre sous le régime de Boni Yayi.
Des échanges troublants avec un ex-ministre
L’accusation a présenté à la barre des conversations entre Louis Philippe Houndégnon et cet ancien membre du gouvernement, où il évoquait la gouvernance du président Patrice Talon et la question de sa succession. Parmi les propos relevés, l’ex-patron de la police nationale aurait assuré n’avoir jamais été impliqué dans un projet de coup d’État.
Face aux interrogations de la Cour sur sa proximité présumée avec certains acteurs accusés d’avoir fomenté un putsch contre Patrice Talon, il a répliqué avec fermeté : « Qu’on me tue ou m’arrête, cela ne me dirait rien », affirmant ainsi qu’il n’avait rien à se reprocher.
Une déclaration controversée sur Patrice Talon
Les discussions entre Louis Philippe Houndégnon et l’ex-ministre ont aussi révélé des épisodes marquants du passé, notamment des tentatives d’assassinat que ce dernier aurait subies alors que Houndégnon était commissaire de Cotonou. Ce dernier a confirmé ces faits et expliqué avoir pris des mesures pour assurer la sécurité du ministre, en particulier lors d’un enlèvement où il avait été conduit vers une destination inconnue.
Un passage particulièrement scruté par la Cour concerne une phrase présumément prononcée par l’ancien policier : « Nous devons l’aider à partir tranquillement », en référence au président Talon. Interrogé sur le sens de ces propos, Houndégnon a refusé d’apporter plus de précisions, invoquant des questions de sécurité pour son interlocuteur. La Cour n’a pas insisté sur ce point.
Un projet politique en gestation ?
L’enquête a également mis en lumière la découverte d’une liste de personnalités au domicile de l’ancien directeur de la police. Sommé de s’expliquer, il a déclaré qu’il s’agissait de contacts dans le cadre d’un projet politique en cours de structuration. Selon ses affirmations, il travaillait à la création d’un mouvement appelé « 11 & 12 », visant à proposer une alternative politique au Bénin.
Toutefois, il a précisé que les personnes mentionnées sur cette liste n’avaient pas encore été informées de son initiative et qu’il comptait les approcher dans un second temps.
Tandis que l’affaire se poursuit, les interrogations subsistent autour du rôle exact de Louis Philippe Houndégnon dans ce climat politique sous tension. Sa prochaine comparution devant la CRIET pourrait être décisive pour clarifier les doutes qui persistent sur ses intentions et ses activités récentes.
Boris MAHOUTO