Bénin/Élections législatives et communales 2026 : la HAAC encadre strictement les activités des médias pendant la précampagne

À l’approche des élections législatives et communales du 11 janvier 2026, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) a pris une décision majeure pour encadrer la couverture médiatique de la période de précampagne. Par sa Décision n°25-067/HAAC du 1er octobre 2025, l’institution présidée par Edouard Loko entend garantir un traitement équilibré, responsable et éthique de l’information électorale, tout en prévenant toute dérive pouvant influencer prématurément l’opinion publique.

Selon l’article 2 de la décision, la période de précampagne s’étend du 8 octobre au 26 décembre 2025. Durant cet intervalle, toute diffusion de messages de campagne électorale précoce est formellement interdite, conformément à l’article 47 du Code électoral. Autrement dit, aucun média — qu’il soit public, privé, en ligne ou communautaire — ne peut relayer des slogans, affiches, interviews, chansons ou tout autre contenu à caractère électoral avant la période officiellement ouverte de la campagne.

Ce que les médias peuvent faire

Toutefois, la HAAC reconnaît le rôle d’information des médias. Ainsi, ces derniers sont autorisés à diffuser des contenus liés aux activités préparatoires des partis politiques, notamment : les rencontres d’échanges et d’information, les déclarations de candidatures, les adhésions ou installations de cellules politiques, ainsi que les communiqués et avis de réunion. Cette latitude vise à maintenir le droit à l’information du public tout en évitant les excès de propagande déguisée.

Neutralité, équilibre et éthique professionnelle exigés

La décision rappelle avec insistance les principes fondamentaux du métier : objectivité, honnêteté, véracité, impartialité et responsabilité. Les médias doivent s’abstenir de : diffuser de fausses informations ou de propos susceptibles de diviser ou d’attiser la haine religieuse, ethnique ou politique ; publier des contenus satiriques, caricatures, proverbes ou chansons de nature à tourner en dérision un candidat ou un parti ; relayer des informations non vérifiées ou provenant de sources illégales.

La HAAC met également en garde contre la manipulation des genres d’opinion tels que l’éditorial, la chronique ou le billet, invitant les journalistes à “tenir le scrupule et le souci d’objectivité pour règles premières”.

Des émissions interactives encadrées

Pendant la période de précampagne, les émissions interactives sont autorisées, mais doivent impérativement être confiées à des professionnels compétents respectant les principes d’équité et d’impartialité. Cette mesure vise à éviter que les espaces d’expression citoyenne ne deviennent des tribunes politiques anticipées.

Rappel aux médias publics et privés

Les médias de service public, tels que l’ORTB et les radios régionales, ont pour mission de garantir l’accès équitable aux partis politiques, associations et citoyens, conformément à la Constitution et à la loi organique sur la HAAC.

De leur côté, les médias privés sont tenus de respecter les obligations issues de leurs conventions signées avec la HAAC, notamment en matière de pluralisme et de traitement équilibré de l’information.

Responsabilité et professionnalisme exigés

La décision insiste sur la responsabilité des médias et rappelle que seuls les organes légalement reconnus sont autorisés à paraître ou diffuser pendant cette période.

Toute publication, affiche ou contenu de nature à inciter à la haine ou à dénigrer un candidat fera l’objet d’une saisie conservatoire immédiate par la HAAC, conformément au Code de l’information et de la communication.

Par ailleurs, les attachés de presse, chargés de communication et relations publiques sont exclus de la couverture médiatique de la précampagne, afin de préserver la neutralité du débat public.

Les opérateurs télécoms également concernés

Fait nouveau : la HAAC étend sa vigilance au domaine numérique. Il est désormais interdit à tout opérateur de télécommunication agissant comme “mass média” de diffuser ou relayer des contenus pouvant être assimilés à de la propagande électorale avant le lancement officiel de la campagne. Cette mesure vise à prévenir l’utilisation abusive des réseaux sociaux et messageries de masse pour influencer l’opinion.

Des sanctions prévues en cas de manquement

Tout contrevenant s’expose à des sanctions disciplinaires et administratives prévues par la législation en vigueur. La HAAC rappelle qu’elle pourra, si nécessaire, ordonner la suspension d’un média ou appliquer les dispositions coercitives de la loi organique qui régit son fonctionnement.

Une décision entrée en vigueur le 15 octobre 2025

Publiée au Journal Officiel, la Décision n°25-067/HAAC entre en vigueur à compter du 15 octobre 2025. Elle marque une étape importante dans la préparation des élections couplées législatives et communales du 11 janvier 2026, avec pour ambition de préserver un environnement médiatique apaisé, professionnel et démocratique.

En somme, la HAAC entend, à travers cette décision, rappeler la responsabilité historique des médias dans la consolidation de la démocratie béninoise.
Entre liberté d’expression et devoir de neutralité, l’enjeu est clair : informer sans influencer, commenter sans compromettre, débattre sans déraper.

Boris MAHOUTO

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Administrateur Général Adjoint de Cloche media monde