L’artisanat béninois, riche d’un patrimoine pluriséculaire, continue de séduire par la diversité de ses savoir-faire, la créativité de ses artisans et la profondeur culturelle de ses œuvres. Entre traditions ancestrales, innovations contemporaines et défis socio-économiques persistants, ce secteur incarne à la fois un héritage vivant et un levier de développement à fort potentiel.

Du tissage du kanvô dans les régions du nord au façonnage du bronze à Abomey, en passant par la poterie à Sè et la vannerie à Natitingou, l’artisanat béninois reflète la pluralité des peuples et des traditions qui composent le pays. Chaque objet, chaque motif, chaque technique raconte une histoire, incarne une symbolique et participe à la transmission d’un savoir souvent oral, transmis de génération en génération.

Le marché artisanal de Cotonou, les rues d’Abomey, ou encore les villages du centre et du nord regorgent d’ateliers où le travail manuel devient art, où l’utilitaire se mêle à l’esthétique, et où l’objet devient un vecteur d’identité.

L’essor d’une nouvelle génération d’artisans
Ces dernières années, une nouvelle vague d’artisans béninois, jeunes et dynamiques, a émergé, insufflant une énergie nouvelle dans le secteur. Formés dans des écoles techniques ou en auto-apprentissage, ils revisitent les codes traditionnels à la lumière des tendances contemporaines. Le design, la mode, l’écoconception ou encore l’art numérique s’invitent dans l’univers artisanal, donnant naissance à des créations hybrides à la croisée des mondes.

Des marques locales se positionnent aujourd’hui sur le marché international, à l’image de créateurs de mode, de bijoutiers ou de designers d’objets qui misent sur le « Made in Benin » pour séduire une clientèle en quête d’authenticité et de sens.
*Un secteur économique en quête de structuration*
Malgré cette vitalité, l’artisanat béninois fait face à de nombreux défis. Le manque de structuration du secteur, la faiblesse de l’accès au financement, l’insuffisance des infrastructures de production et de commercialisation, ainsi que l’absence de politiques publiques cohérentes freinent son plein essor.
Selon certaines estimations, l’artisanat emploie près de 60 % de la population active du pays, souvent dans le secteur informel. Pourtant, peu d’artisans bénéficient d’une couverture sociale, d’un accompagnement entrepreneurial ou d’un accès aux marchés internationaux.
Les initiatives de soutien se multiplient cependant. Le Programme d’appui à la compétitivité de l’Afrique de l’Ouest (PACAO), le Fonds d’appui à la culture (FAC), ou encore les efforts des collectivités locales permettent de mieux encadrer les pratiques, former les artisans, et promouvoir leurs œuvres au Bénin comme à l’étranger.
*Entre héritage et avenir*
L’avenir de l’artisanat béninois repose sur un équilibre à trouver entre préservation du patrimoine et adaptation aux réalités contemporaines. La valorisation des produits locaux, le développement du tourisme culturel, la mise en place de circuits de distribution modernes, et la reconnaissance du statut des artisans sont autant de chantiers à poursuivre pour faire de l’artisanat un véritable moteur de développement économique et culturel.
En valorisant les mains qui façonnent l’âme du pays, le Bénin peut faire de son artisanat une vitrine de sa créativité, un pilier de sa souveraineté culturelle et un levier d’insertion pour sa jeunesse.
Boris MAHOUTO