L’affaire Louis Philippe Houndegnon, ancien haut gradé de la police nationale du Bénin, a connu un tournant décisif ce lundi devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). À la barre, l’ex-patron de la police et son coaccusé, Coffi Camille Amoussou, ont été auditionnés sur fond d’accusations graves portant sur des propos subversifs et une présumée incitation à la rébellion.*
À 14h39 précises, les deux accusés ont été appelés devant la Cour. Lors de ses réquisitions, le ministère public, représenté par le premier substitut du procureur spécial, Armand Donald Reagan Hounguè, a exposé les motifs ayant conduit à leur arrestation et leur comparution.
Selon les explications du parquet, Louis Philippe Houndegnon a été interpellé en novembre 2024, après plusieurs interventions médiatiques jugées compromettantes pour l’ordre constitutionnel. L’ancien directeur général de la police nationale y aurait remis en cause la Constitution en vigueur, tout en révélant avoir été approché par des individus proposant un coup d’État contre le régime en place.
Le procureur a insisté sur l’obligation de réserve imposée à tout agent public, qu’il soit en activité ou à la retraite. « Si vous n’êtes plus sous le drapeau, vous avez le drapeau au corps », a-t-il martelé, rappelant que l’engagement à servir l’État ne s’éteint pas avec la cessation des fonctions.
Dans son argumentaire, le ministère public a évoqué l’implication présumée de Louis Philippe Houndegnon dans le recensement de hauts responsables des corps armés béninois à travers son mouvement politique dénommé 11/12. Une initiative perçue comme une menace potentielle pour la stabilité institutionnelle. À travers ces actes et propos, l’accusé aurait, selon le parquet, encouragé le peuple à se dresser contre les autorités établies.
Face à ces éléments, le ministère public a requis : la relaxe pure et simple pour Coffi Camille Amoussou, estimant que sa responsabilité pénale n’était pas engagée dans cette affaire, une condamnation ferme pour Louis Philippe Houndegnon : deux ans d’emprisonnement, assortis d’une amende de deux millions de francs CFA. Il est poursuivi pour harcèlement par le biais d’un système électronique et incitation à la rébellion.
La défense a, de son côté, plaidé la bonne foi de l’ancien policier, soutenant que ses déclarations relevaient de la liberté d’expression et de son devoir citoyen d’alerter sur des faits préoccupants. Le délibéré est attendu dans les prochains jours. Cette affaire, très suivie par l’opinion publique, soulève de nombreuses interrogations sur les limites de la liberté d’expression, le devoir de réserve des anciens responsables publics, et la fragilité des équilibres démocratiques au Bénin.
Boris MAHOUTO