(Une alerte silencieuse sur l’avenir éducatif du continent)
*Alors que l’Afrique mise sur l’éducation pour construire son avenir, les données récentes sur le taux d’alphabétisation des adultes viennent rappeler l’ampleur du défi. D’après les statistiques compilées par la CIA World Factbook et analysées par Intelpoint, le continent affiche une disparité inquiétante dans les capacités de lecture et d’écriture des populations âgées de 15 ans et plus. Et dans ce panorama contrasté, le Bénin figure tristement parmi les sept pays les moins bien classés, avec un taux d’alphabétisation de seulement 45,8 %.*
*Des leaders et des lanternes rouges*
En haut du classement, les Seychelles dominent avec un taux d’alphabétisation impressionnant de 95,9 %, suivies de près par l’Afrique du Sud (95,0 %) et Sao Tomé-et-Principe (94,8 %). Ces pays ont su mettre en place des politiques éducatives cohérentes, stables et inclusives, contribuant à réduire les inégalités d’accès à l’instruction.

À l’opposé, des pays comme le Niger (35,5 %), le Mali (34,5 %), le Soudan du Sud (26,8 %) et le Tchad (18,1 %) ferment la marche. Le Bénin, avec un taux inférieur à 50 %, se retrouve relégué parmi les derniers de la classe, un signal d’alarme pour un pays appelé « Quartier latin de l’Afrique » et qui mise pourtant sur la jeunesse et l’éducation comme leviers de développement.
*Le paradoxe béninois*
Le Bénin, longtemps perçu comme un élève modèle en matière de démocratie et de stabilité politique en Afrique de l’Ouest, peine à traduire cette image sur le plan éducatif. Malgré des réformes, des investissements publics croissants dans le secteur de l’enseignement, et une volonté affichée d’améliorer la qualité de l’éducation, les résultats tardent à suivre.
Plusieurs facteurs expliquent cette situation préoccupante : faible taux de scolarisation dans certaines zones rurales, inégalités d’accès à l’éducation pour les filles, manque d’infrastructures, pénurie d’enseignants qualifiés, ou encore déscolarisation précoce due à la pauvreté.

Un enjeu crucial pour l’avenir
L’alphabétisation n’est pas seulement une affaire de statistiques : elle est le fondement de toute société moderne, le socle du développement humain, économique et citoyen. Être capable de lire et d’écrire conditionne l’accès à l’emploi, à la santé, à la participation politique, à la citoyenneté éclairée. C’est aussi un moyen de sortir du cercle vicieux de la pauvreté.
Face à ces chiffres, les États africains sont appelés à redoubler d’efforts pour renforcer les politiques éducatives, en particulier dans les pays les plus en retard. Des stratégies régionales coordonnées, une mobilisation accrue des ressources, une plus grande implication des communautés locales et une attention particulière aux publics les plus vulnérables (filles, enfants handicapés, zones rurales) pourraient faire la différence.
*Un impératif continental*
Alors que l’Union africaine ambitionne de faire du XXIe siècle celui du “réveil africain”, ces écarts profonds en matière d’alphabétisation rappellent que le chemin est encore long. Car un continent dont une large part de la population adulte reste privée de compétences de base ne pourra pleinement tirer profit de son dividende démographique.
Pour le Bénin comme pour l’Afrique dans son ensemble, il est urgent de faire de l’éducation, et en particulier de l’alphabétisation, une priorité nationale et continentale, conformément aux Objectifs de Développement Durable (ODD). L’avenir du continent en dépend.