Chaque année, le mois de février au Bénin ramène dans la mémoire collective l’historique Conférence nationale des forces vives de la nation, un tournant décisif qui a ouvert les portes de la démocratisation en Afrique. Mais au-delà du devoir de mémoire, on observe une recrudescence d’initiatives politiques dont la portée réelle semble parfois s’éloigner de l’esprit de ces assises fondatrices.
Si certains acteurs politiques et organisations de la société civile profitent de cette période pour réaffirmer les valeurs de liberté, de bonne gouvernance et de pluralisme consacrées par la Conférence, d’autres semblent plutôt engagés dans des démarches ambiguës. Derrière des discours commémoratifs se profilent des manœuvres opportunistes : récupération politique, repositionnements stratégiques, voire tentatives de réécriture de l’histoire à des fins partisanes.

En effet, certains événements organisés sous couvert d’hommage à la Conférence nationale manquent de sincérité et servent davantage à justifier des choix politiques qui, paradoxalement, s’éloignent des principes défendus en 1990. La consolidation des acquis démocratiques passe par des actions concrètes et cohérentes, et non par des célébrations de façade ou des discours creux et vaseux. Des élucubrations fertiles pour justifier un patriotisme déguisé ou réclamer une légitimité sans crédibilité.
Alors que l’esprit de la Conférence nationale exige rigueur, transparence et engagement en faveur de l’État de droit, il est essentiel de veiller à ce que cette date ne devienne pas un simple prétexte pour des calculs politiques déconnectés des aspirations profondes du peuple. L’histoire ne saurait être un instrument de manipulation, mais bien un socle pour construire l’avenir sur des bases solides et authentiques. Vivement que cela inspire les initiateurs de ces messes politiques dont le but est totalement ailleurs. Qu’ils n’associent plus la conférence nationale à ces basses manœuvres pour salir cet héritage du passé. Ce fétichisme intellectuel qui entoure la date mémorable de la démocratie béninoise doit désormais cesser.
Boris MAHOUTO