*Aujourd’hui, 19 février 2025 marque le 35ᵉ anniversaire du lancement de la Conférence nationale des forces vives du Bénin, événement historique qui s’est tenu du 19 au 28 février 1990 à l’hôtel PLM Alédjo de Cotonou. Cette conférence, qui a posé les jalons du renouveau démocratique au Bénin, reste un symbole fort de la transition pacifique d’un régime autoritaire à un État de droit multipartite.*

Face à une crise économique et politique profonde, le régime du général Mathieu Kérékou avait convoqué cette assise historique, réunissant près de 500 délégués issus de divers horizons : partis politiques, syndicats, organisations de la société civile, autorités religieuses et figures de la diaspora. Sous la présidence du Professeur Maurice Ahanhanzo Glèlè, les travaux ont permis de jeter les bases d’une nouvelle ère pour le pays.

Parmi les résolutions majeures de la Conférence figurent l’adoption d’une nouvelle Constitution garantissant les libertés fondamentales, la mise en place d’un gouvernement de transition dirigé par le Premier ministre Nicéphore Soglo et l’organisation d’élections libres qui ont conduit, en mars 1991, à l’alternance démocratique avec l’élection de ce dernier à la présidence de la République.

Aujourd’hui encore, la Conférence nationale du Bénin est citée comme un modèle de transition démocratique en Afrique. Son héritage continue d’inspirer, alors que le pays s’interroge sur les défis actuels de sa démocratie. Ce 35ᵉ anniversaire est l’occasion de rappeler l’importance du dialogue, du consensus et du respect des principes démocratiques qui ont permis au Bénin d’être pionnier dans la construction d’un État moderne et pluraliste.
*Les grands moments de la Conférence nationale*
19 février 1990 – 19 février 2025 : Il y a 35 ans, la Conférence nationale des forces vives du Bénin ouvrait une nouvelle ère. Cette assise historique a marqué un tournant décisif dans l’histoire politique du pays et reste une référence en Afrique en matière de transition démocratique pacifique.
Face à une crise économique et sociale aiguë, un mécontentement généralisé et un régime en perte de légitimité, le président Mathieu Kérékou avait accepté l’organisation d’une Conférence nationale souveraine, réunissant environ 500 délégués venus de partout dans le monde. Les travaux, placés sous la présidence du professeur Maurice Ahanhanzo Glèlè, se sont déroulés du 19 au 28 février 1990. Plusieurs interventions marquantes ont ponctué cette rencontre :
Le discours d’ouverture de Mathieu Kérékou, dans lequel il appelait au dialogue mais espérait garder le contrôle du processus. La déclaration de souveraineté de la Conférence, affirmée dès le premier jour, signifiant que l’assemblée avait le pouvoir de décider du futur du pays sans contrainte du régime en place. Les débats houleux sur l’avenir du régime marxiste-léniniste, qui aboutiront à son abandon officiel. Le consensus sur la transition démocratique, avec la mise en place d’un gouvernement de transition et la tenue d’élections libres.
*Le rapport général présenté par Albert Tévoédjrè : conclusions et recommandations*
Le 28 février 1990, à la clôture des travaux, le professeur Albert Tévoédjrè, rapporteur général de la Conférence, a présenté le rapport général, document de référence consignant les décisions majeures prises lors des assises. Les principales conclusions et recommandations étaient les suivantes : Fin du régime du parti unique et adoption du pluralisme démocratique. La Conférence a acté l’abandon du régime marxiste-léniniste et le retour au multipartisme intégral. Il a été recommandé de garantir la liberté d’expression, d’association et de presse.
*Mise en place d’un gouvernement de transition*
Un Premier ministre de transition devait être nommé pour gérer la période de transition et organiser des élections démocratiques. Ce rôle fut confié à Nicéphore Soglo, économiste et haut fonctionnaire international. La Conférence a décidé que Mathieu Kérékou resterait président jusqu’aux élections, mais avec un pouvoir limité, soumis au gouvernement de transition. Un projet de nouvelle Constitution devait être rédigé et adopté par référendum. Celle-ci fut adoptée le 11 décembre 1990, consacrant un État démocratique avec la séparation des pouvoirs, une limitation des mandats présidentiels et une justice indépendante.
*Organisation d’élections libres et transparentes*
Il a été recommandé que des élections présidentielles et législatives se tiennent en mars 1991 sous la supervision d’organes indépendants. Ces élections ont conduit à la première alternance démocratique avec l’élection de Nicéphore Soglo comme président face à Mathieu Kérékou. Plusieurs organes ont été proposés pour garantir la stabilité démocratique, notamment la Cour Constitutionnelle, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) et une Cour des Comptes. Le rapport a insisté sur la nécessité de réformes économiques pour sortir le pays de la crise, notamment en favorisant la privatisation de certaines entreprises publiques, en encourageant l’investissement et en réformant l’administration publique.
*Un héritage encore vivant*
La Conférence nationale des forces vives du Bénin demeure un modèle de transition démocratique pacifique, souvent cité comme référence en Afrique. Elle a permis au Bénin d’entrer dans une nouvelle ère politique, marquée par le respect des libertés fondamentales, des élections régulières et une stabilité relative par rapport à d’autres nations africaines. Aujourd’hui, à l’heure où certains principes démocratiques sont mis à l’épreuve, cet anniversaire est l’occasion de rappeler l’importance du dialogue national, du respect des institutions et du maintien des acquis démocratiques obtenus grâce au courage des acteurs de 1990. Rappelons que les travaux ont été dirigés par l’archevêque Monseigneur Isidore de Souza.
Boris MAHOUTO