Plusieurs pays de l’Union européenne veulent pouvoir expulser des réfugiés vers la Syrie et l’Afghanistan.
L’Autriche, l’Italie, Chypre et d’autres Etats membres demandent une révision des relations avec le régime de Bachar Al-Assad afin de faciliter les renvois de Syriens. Berlin et Vienne souhaitent aussi pouvoir expulser des réfugiés afghans délinquants.
L’Union européenne (UE) doit-elle renouer avec la Syrie et le régime meurtrier de Bachar Al-Assad, après une guerre civile qui a fait plus de 500 000 morts et jeté 14 millions de Syriens sur les routes ces treize dernières années, ou avec le régime taliban qui a repris le pouvoir en Afghanistan en 2021 ? Pourrait-on y renvoyer dans leurs pays des Syriens et des Afghans réfugiés en Europe ? Depuis quelques mois, certains Etats d’Europe centrale et du Sud plaident en ce sens à Bruxelles, alors que montent les demandes d’un durcissement de la politique migratoire européenne.
Mi-mai, à l’initiative de Chypre, où arrivent des Syriens par la mer depuis le Liban, des représentants grecs, autrichiens, tchèques, italien, danois, polonais et maltais s’étaient retrouvés sur l’île méditerranéenne pour demander à l’UE de revoir sa politique de refus de collaboration avec Damas afin d’y renvoyer, dans certaines zones jugées désormais « sûres », des réfugiés syriens. « La stabilité dans ce pays n’a pas été entièrement rétablie » mais « nous devons accélérer le processus et (…) créer les conditions qui permettraient le retour des personnes en Syrie », assurait alors le ministre chypriote de l’intérieur, Constantinos Ioannou.
« 13,8 millions de déplacés et réfugiés »Particulièrement active sur le sujet, même si elle accueille très peu de réfugiés syriens, la République tchèque devrait envoyer une mission exploratoire en Syrie cet automne pour identifier de telles zones, en collaboration avec le régime. Ces pays font partie du groupe de quinze Etats membres qui ont plaidé, mi-mai, auprès de la Commission européenne afin qu’elle trouve des solutions pour transférer des migrants vers des pays tiers considérés comme « sûrs » hors du continent européen. Lundi 22 juillet, les ministres des affaires étrangères autrichien et italien, Alexander Schallenberg et Antonio Tajani, tous deux conservateurs, ont proposé à leurs homologues, à Bruxelles, de réévaluer les relations diplomatiques avec la Syrie.
« Après treize ans, nous devons admettre que l’approche de l’UE n’a pas suivi l’évolution de la situation sur le terrain », écrivent les deux diplomates dans une missive soutenue par six autres pays (Grèce, Chypre, République tchèque, Slovaquie, Slovénie et Croatie). Non seulement l’Union dépense 33 milliards d’euros d’aide humanitaire pour les Syriens du pays, mais la situation ne s’y améliore pas, jugent-ils. « La Syrie est toujours à l’origine de la plus grande crise de déplacement au monde, avec 13,8 millions de personnes déplacées et de réfugiés », indiquent-ils.