Le tribunal qui juge le procès historique d’un massacre commis en 2009 en Guinée a décidé mercredi de remettre au moment du jugement une éventuelle requalification des faits en crimes contre l’humanité, a constaté un correspondant de l’AFP.
« Le tribunal, après avoir entendu toutes les parties sur la requalification des faits requise par le ministère public, décide que cette transition sera tranchée dans la décision sur le fond et en conséquence, ordonne la continuation des débats », a déclaré le juge Ibrahima Sory II Tounkara.
Le juge a renvoyé le procès au 25 mars avec le début des confrontations.
La justice guinéenne avait retenu une litanie de qualifications d’assassinats, meurtres, actes de torture, coups et blessures volontaires, séquestrations, incendies volontaires ou encore pillages, mais pas ceux de crimes contre l’humanité.
L’ancien dictateur Moussa Dadis Camara et dix autres anciens responsables militaires et gouvernementaux répondent depuis septembre 2022 devant un tribunal du massacre du 28 septembre 2009.
Ce jour-là et les suivants, des membres de la garde présidentielle, des soldats, des policiers et des miliciens réprimant un rassemblement de l’opposition s’étaient livrés avec une brutalité effrénée à des abominations dans un stade de Conakry et alentour.
Au moins 156 personnes ont été tuées par balle, au couteau, à la machette ou à la baïonnette, des centaines blessées et au moins 109 femmes violées, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU.
Les exactions ont continué plusieurs jours, contre des femmes séquestrées et des détenus torturés.
Les chiffres réels sont probablement plus élevés. C’est l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire politique de la Guinée, qui n’en manque pas.
Un certain nombre d’ONG comme Human Rights Watch réclament la requalification des faits en crimes contre l’humanité.
La commission d’enquête de l’ONU avait aussi conclu que les actes commis ces jours-là étaient constitutifs de crimes contre l’humanité.