Créé en 1959, le Conseil de l’Entente est la plus ancienne organisation de coopération en Afrique de l’Ouest. Il regroupe aujourd’hui cinq pays : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Niger et le Togo. Initialement conçu pour renforcer la solidarité et le développement entre ses membres, son rôle semble aujourd’hui éclipsé par des organisations plus influentes comme la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) et l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine). Alors, à quoi sert encore le Conseil de l’Entente ?
Historiquement, le Conseil de l’Entente a été un cadre de dialogue et de projets communs pour ses États membres. Il a notamment favorisé des initiatives en matière d’infrastructures, d’éducation et de sécurité. Cependant, avec la montée en puissance de la CEDEAO et de l’UEMOA, qui couvrent un champ d’action plus large et disposent de moyens financiers plus conséquents, le Conseil de l’Entente peine à trouver sa place. Une mission de coopération en perte de vitesse, au regard de la géopolitique actuelle et les nouvelles tendances politiques.
Ses missions officielles restent axées sur la coopération économique, la sécurité et le développement, mais les résultats concrets sont peu visibles. L’absence de grands projets emblématiques et son manque de dynamisme institutionnel posent la question de sa pertinence.
*Un cadre de dialogue utile, mais limité*
Malgré son affaiblissement, le Conseil de l’Entente conserve une fonction de coordination et de dialogue entre ses États membres. Il sert parfois de plateforme pour discuter de questions spécifiques à la sous-région, notamment en matière de paix et de sécurité. Toutefois, ces discussions ne débouchent pas toujours sur des actions concrètes, car les décisions majeures sont souvent prises au niveau de la CEDEAO, qui a une influence beaucoup plus grande sur les questions régionales.
*L’institution joue sa survie*
En septembre 2023, Wautabouna Ouattara a été nommé Secrétaire Exécutif du Conseil de l’Entente, succédant à Marcel Amon-Tanoh. Cependant, en octobre 2023, M. Ouattara a été nommé ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, chargé de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur. En novembre 2024, une réunion du comité des ministres du Conseil de l’Entente s’est tenue à Lomé, au Togo, pour examiner le rapport annuel de performance de l’organisation. Le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, a souligné l’importance de repenser le positionnement de l’institution face aux défis actuels de l’intégration sous-régionale.
Par ailleurs, en février 2025, le Secrétaire Exécutif adjoint du Conseil de l’Entente, Ali Idi, a rencontré le ministre de l’Économie et des Finances du Burkina Faso, Aboubakar Nacanabo, pour faire le point sur l’avancement des projets phares de l’institution, notamment la construction d’une tour devant abriter son siège au Burkina Faso. Le ministre a encouragé le Conseil à renforcer la mobilisation des ressources pour assurer la mise en œuvre effective de ces projets. Actuellement, le Conseil de l’Entente s’efforce de redynamiser ses activités et de renforcer la coopération entre ses États membres pour faire face aux défis régionaux.
*Un avenir incertain*
Pour éviter de sombrer dans l’oubli, le Conseil de l’Entente devrait se réinventer en se concentrant sur des projets ciblés et en renforçant son rôle de médiation dans les crises sous-régionales. Il pourrait aussi devenir un laboratoire d’expérimentation pour des initiatives économiques et sociales avant leur adoption à une échelle plus large par la CEDEAO ou l’UEMOA.
En l’état actuel, le Conseil de l’Entente apparaît comme un vestige du passé, dont la survie dépendra de sa capacité à s’adapter aux nouveaux défis régionaux. Faute de réformes profondes, il risque de se transformer en simple structure administrative sans impact réel sur l’avenir de ses États membres.
CMM