Plusieurs pays africains privés d’Internet en raison de câbles sous-marins défectueuxLe pays le plus affecté est la Côte d’Ivoire, où les opérateurs télécoms Orange et MTN sont particulièrement touchés.La RCMM avec AP et AFPAu siège de l’opérateur télécoms sud-africain MTN, à Johannesburg, en mars 2023. D’importantes et inédites coupures d’Internet affectent depuis jeudi 14 mars au petit matin plusieurs pays africains en raison d’anomalies concernant plusieurs câbles sous-marins.
En tout, c’est une douzaine de pays situés le long de l’Atlantique, de l’Afrique du Sud au Libéria, en passant par le Bénin, le Ghana ou le Nigéria, qui ont été touchés, selon l’entreprise Cloudflare, spécialisée dans les infrastructures de réseau, et Netblocks, une organisation qui documente les coupures d’Internet dans le monde.Les incidents ont débuté jeudi à 5 heures, heure locale (6 heures, heure de Paris), dans le sud du Sénégal, avant de se propager en début de matinée vers le sud, atteignant le Nigéria peu après 10 heures, selon Cloudflare.La gravité des coupures varie, certains pays ayant souffert de perturbations pendant seulement quelques minutes tandis que d’autres continuaient à être fortement affectés ce vendredi matin. Le pays le plus touché est la Côte d’Ivoire, où les deux plus grands opérateurs, Orange et MTN, sont très perturbés.
Seul l’un des trois opérateurs du pays, Moov, fonctionne normalement. Les données de Cloudflare montraient que seulement 15 % à 20 % du trafic Internet habituel avaient été enregistrés jeudi dans le pays.La raison de la panne toujours inconnueLa raison de la panne n’est pas connue. L’autorité de régulation des télécoms nigériane a évoqué dans un communiqué « une combinaison de coupures de câbles [situés] quelque part en Côte d’Ivoire et au Sénégal », « entraînant des pannes d’équipement ». Certains experts subodorent un premier incident physique, comme une rupture de câble, causé par l’ancre d’un navire ou un mouvement du fond sous-marin, suivi, à mesure que le trafic était redirigé sur les autres câbles, d’une succession d’anomalies techniques dues à la brusque surcharge.D’autres perturbations du réseau causées par l’endommagement de câbles se sont produites en Afrique au cours des dernières années.
Cependant, « la perturbation d’aujourd’hui est l’une des plus graves », observe Isik Mater, directrice de recherche chez Netblocks. Une source officielle ivoirienne a précisé à RFI que les câbles censés prendre le relais en cas de panne étaient également touchés, une situation décrite par cette source comme « inédite ». Selon Microsoft, l’importance de ces perturbations s’explique également par les dégâts causés récemment sur les câbles de la mer Rouge, de l’autre côté du continent, qui avaient déjà dégradé la connectivité africaine.
L’Afrique est en tête du trafic Web pour les appareils mobiles dans le monde, et de nombreuses entreprises du continent dépendent d’Internet pour fournir des services à leurs clients.Le groupe MTN, un des poids lourds des télécommunications dans la région, a expliqué dans un communiqué « travailler activement à la redirection du trafic ». Orange, très implanté dans la zone, se dit « pleinement mobilisé pour trouver des solutions de reroutage du trafic et connecter les pays isolés par d’autres voies ». « Plusieurs liens terrestres ont déjà été renforcés afin de permettre une amélioration de la situation » précise l’opérateur, cité par RFI.
MainOne, l’entreprise qui exploite le câble du même nom, touché par les dysfonctionnements, a dit aussi que « toutes les ressources étaient mobilisées pour réparer le câble et rétablir les services ».Les pannes concernent principalement les câbles West Africa Cable System, Africa Coast to Europe, SAT-3 et MainOne, tous longs de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres, desservant plusieurs pays le long de la côte ouest-africaine et se branchant à l’Europe, notamment en Espagne, au Royaume-Uni et en France.