En 2018, lors d’une intervention marquante, le président béninois Patrice Talon a livré une réflexion percutante sur les rouages de la réélection d’un chef d’État. Selon lui, la reconduction d’un président en exercice ne dépendrait ni de son bilan ni de ses actions, mais plutôt de sa mainmise sur les grands électeurs.
« Ce qui permet à un Président en exercice d’être réélu, ce n’est pas son mandat, ce n’est pas ses actions. C’est la manière dont il tient les grands électeurs. Quand tous les députés sont à sa solde, quand tous les maires, affaiblis, sont à sa solde, quand tous les conseillers communaux s’abaissent et sont à sa solde, il n’y a pas de doute que ce Président ne soit pas réélu », avait-il déclaré.
Cette prise de position, qui peut être perçue comme une critique des mécanismes électoraux en Afrique, soulève des interrogations sur l’indépendance des institutions démocratiques et la liberté des scrutins. Elle met en lumière l’influence des élus locaux et des parlementaires dans le processus électoral, un constat qui résonne bien au-delà du Bénin.
Si certains voient dans ces propos une analyse lucide des réalités politiques, d’autres y perçoivent un aveu implicite sur les pratiques qui peuvent influencer les élections. Cette déclaration prend d’autant plus de relief lorsqu’on la confronte à l’évolution politique du Bénin sous son mandat.
Dans un contexte où la gouvernance et la transparence électorale sont au cœur des débats en Afrique, ces mots rappellent la nécessité d’une vigilance citoyenne et d’institutions solides pour garantir une démocratie véritablement représentative.
Rédaction