Depuis quelques années, le Bénin s’est engagé dans une série de réformes visant à améliorer son climat des affaires. Simplification des procédures administratives, digitalisation des services publics, incitations fiscales pour les investisseurs… Autant d’initiatives qui, sur le papier, devraient favoriser un essor économique sans précédent. Pourtant, dans la réalité, de nombreux opérateurs économiques peinent à survivre et certains disparaissent purement et simplement.

Loin de refléter l’attractivité vantée par les autorités, le quotidien des entrepreneurs béninois reste marqué par des défis majeurs. Accès au crédit difficile, fiscalité jugée lourde, concurrence déloyale, tracasseries administratives… Autant d’obstacles qui freinent l’essor du secteur privé béninois. Un environnement réformé, mais hostile, selon les acteurs du secteur. « On nous parle de l’amélioration du climat des affaires, mais sur le terrain, la pression fiscale et les contrôles incessants découragent les initiatives. Nous avons du mal à respirer », témoigne un entrepreneur du secteur agroalimentaire.
*Les PME et TPE en souffrance*
Les petites et moyennes entreprises (PME), qui constituent l’essentiel du tissu économique national, sont les plus fragilisées. L’accès au financement reste une épine dans le pied de nombreux entrepreneurs, les banques imposant des conditions draconiennes pour l’octroi de crédits. Résultat : beaucoup de structures, faute de fonds de roulement, sont contraintes de fermer leurs portes.

Par ailleurs, l’arrivée de grands groupes étrangers bénéficiant d’avantages fiscaux spéciaux crée une concurrence difficile pour les opérateurs locaux. « Comment voulez-vous que nous puissions tenir face à ces géants qui ont des exonérations alors que nous croulons sous les taxes ? », s’interroge un commerçant du secteur textile.
*Un signal alarmant pour l’économie nationale*
Si cette tendance se poursuit, le pays risque de voir disparaître une grande partie de ses entrepreneurs locaux, ce qui aurait des conséquences désastreuses sur l’emploi et la souveraineté économique. Un environnement des affaires favorable ne se limite pas à attirer des investisseurs étrangers ; il doit aussi et surtout permettre aux acteurs locaux de prospérer.
Pour éviter cette extinction progressive des opérateurs économiques béninois, il est urgent d’adopter des mesures plus inclusives : une fiscalité plus souple pour les PME, un accès facilité au crédit, un accompagnement réel des entreprises locales et une meilleure régulation de la concurrence.
Le climat des affaires ne se mesure pas seulement en réformes, mais en résultats concrets pour ceux qui font vivre l’économie au quotidien. Faute d’actions fortes, les opérateurs économiques béninois risquent de devenir une espèce en voie de disparition.
Boris MAHOUTO