Une nouvelle étape vient d’être franchie dans la lutte contre le paludisme au Bénin. Les députés béninois, réunis en atelier ce lundi à l’hôtel Golden Tulip Le Diplomate de Cotonou, ont officiellement lancé le Caucus des parlementaires béninois pour l’élimination du paludisme, en adoptant à l’unanimité leur règlement intérieur et un ambitieux plan d’action triennal couvrant la période 2025-2028.

Appuyée techniquement et financièrement par Speak Up Africa, cette initiative parlementaire vise à renforcer la synergie entre les institutions, les partenaires et les communautés pour venir à bout d’un fléau qui continue de coûter des vies et de freiner le développement du pays.

Un engagement institutionnel fort
La cérémonie d’ouverture s’est tenue sous la présidence de Barthélémy Kassa, premier vice-président de l’Assemblée nationale, représentant le président Louis Gbèhounou Vlavonou. Aux côtés du pouvoir législatif, l’exécutif était également représenté, avec la présence du ministre de la Santé Benjamin Hounkpatin, symbole de la collaboration inter-institutionnelle indispensable à la réussite d’une telle entreprise.
Le Député Constant Nahum, coordonnateur du Réseau des parlementaires béninois pour l’élimination du paludisme, a rappelé les objectifs majeurs de cette initiative : analyser la situation épidémiologique actuelle, identifier les lacunes de financement – en particulier en matière de santé communautaire, d’ARCH et de vaccination – et renforcer la mobilisation des ressources en partenariat avec le secteur privé. « Le Caucus vise à faire du Parlement un acteur clé de la gouvernance sanitaire. Il s’agit de traduire nos engagements politiques en actions concrètes », a-t-il souligné.

Des chiffres qui interpellent
Le paludisme reste la première cause de morbidité au Bénin et dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne. Le rapport 2024 de l’OMS est sans appel : 263 millions de cas et 590.000 décès ont été enregistrés dans le monde, dont 94 % des cas et 95 % des décès sur le seul continent africain. Le Bénin, à lui seul, figure parmi les vingt pays les plus touchés, concentrant plus de 85 % du fardeau mondial.
Pour le ministre Benjamin Hounkpatin, ces chiffres justifient une mobilisation politique accrue : « Le paludisme est une maladie évitable et guérissable. Pourtant, il demeure une véritable menace pour notre développement. Ses répercussions se font sentir sur la santé publique, l’éducation, la productivité et la croissance économique », a-t-il rappelé.
Les parlementaires, relais de l’action publique
Au-delà de la volonté gouvernementale, l’élimination durable du paludisme passe par l’implication du pouvoir législatif. Un rôle crucial que la directrice exécutive de Speak Up Africa, Fara Ndiaye, a tenu à saluer. Elle a rappelé les progrès réalisés par le Bénin, notamment la création en 2023 du Fonds Zéro Palu, l’augmentation de 130 % du budget national de lutte contre le paludisme en 2022, et le déploiement récent du vaccin antipaludique. « Les parlementaires ont le pouvoir de transformer les engagements en lois, les lois en budgets, et les budgets en résultats tangibles. Leur leadership est essentiel pour garantir un avenir sans paludisme », a-t-elle déclaré.
Une avancée stratégique saluée par les partenaires
Dr Konan Kouame Jean, représentant de l’OMS au Bénin, a qualifié la création de ce Caucus parlementaire de « tournant stratégique » dans la gouvernance sanitaire du pays. Selon lui, les députés peuvent jouer un rôle de premier plan en : plaidant pour des financements durables, contrôlant l’efficacité des dépenses en santé, mobilisant les communautés grâce à leur proximité avec les populations. L’OMS, le Fonds mondial et les autres partenaires techniques et financiers ont d’ailleurs réaffirmé leur engagement aux côtés du Parlement béninois pour faire de ce Caucus une plateforme d’impulsion et de suivi des politiques publiques de santé.
Une promesse d’espoir pour les générations futures
Clôturant la cérémonie d’ouverture, Barthélémy Kassa, au nom du Président de l’Assemblée nationale, a salué la volonté collective qui a permis l’aboutissement de cette initiative. Il a appelé les députés à maintenir le cap de l’engagement et à faire de chaque action une pierre posée dans la construction d’un Bénin libéré du paludisme. « Que chacune de nos initiatives soit un hymne à l’espoir, un défi à la fatalité, et une promesse tenue pour les générations futures », a-t-il lancé.
Un signal fort pour la santé publique béninoise
Avec l’adoption de son règlement intérieur et d’un plan de travail triennal ambitieux, le Caucus des parlementaires béninois pour l’élimination du paludisme pose les bases d’une mobilisation multisectorielle pérenne. À travers cette initiative, le Parlement béninois entend jouer pleinement sa partition dans la grande bataille contre le paludisme, une maladie qui, plus que jamais, appelle une réponse politique, humaine et concertée.
Boris MAHOUTO