Coupure de courant en Guadeloupe : le préfet annonce un couvre-feu et la réquisition de salariés d’EDF
Le couvre-feu entre en vigueur à partir de vendredi 19 heures (heure locale) jusqu’à samedi 6 heures du matin « afin de prévenir le risque de troubles à l’ordre public ». Selon la préfecture, des salariés grévistes « ont provoqué l’arrêt d’urgence de l’ensemble des moteurs de la centrale » de Pointe-Jarry.
Un couvre-feu a été décrété « sur l’ensemble du territoire de la Guadeloupe » a annoncé, vendredi 25 octobre, le préfet, pour la nuit de vendredi à samedi. Cette mesure intervient alors que l’archipel français subit une panne de courant à la suite d’un « incident électrique généralisé », selon EDF Archipel Guadeloupe, la filiale gestionnaire du réseau.
Le couvre-feu, « applicable à toute la population » a été décidé, d’après le communiqué du préfet, « afin de prévenir le risque de troubles à l’ordre public ». Il sera en vigueur à partir de vendredi 19 heures, heure locale (2 heures du matin samedi, heure de Paris), jusqu’à samedi 6 heures du matin.
Seuls « les déplacements relevant de l’urgence et qui ne peuvent pas être différés, pour des motifs d’ordre sanitaire, professionnels, relatifs à un déplacement aérien ou maritime, ou visant à porter assistance à une personne en danger, restent autorisés », précise le communiqué qui ajoute que « ces déplacements seront strictement contrôlés par les forces de police et de gendarmerie nationale ».
« Le retour à la normale devrait prendre plusieurs heures »
La coupure de courant a commencé vendredi vers 8 h 30 (14 h 30, heure de Paris). Dans le dernier communiqué publié vendredi en soirée, le préfet signale que « la situation se rétablit progressivement avec la remise en tension du réseau électrique ».
Néanmoins, « la situation reste fragile et le retour à la normale devrait prendre plusieurs heures (…) pour alimenter la totalité des abonnés guadeloupéens », ajoute le préfet.
« Le retour à la normale ne sera effectif que dans un délai de 4 heures à compter de la réinitialisation du réseau électrique », avait expliqué un communiqué publié dans l’après-midi.
« Ce sont près de 230 000 foyers qui sont impactés par cette coupure », avait annoncé, sur le réseau social X, Olga Givernet, ministre déléguée chargée de l’énergie.
La coupure a été provoquée par l’arrêt des douze moteurs de la centrale de Pointe-Jarry, qui fournit la quasi-totalité de l’électricité sur le territoire ultramarin, qui compte près de 380 000 habitants. Cet arrêt survient dans un contexte de conflit social opposant la branche énergie de la Confédération générale du travail de la Guadeloupe (CGTG) et la direction d’EDF Production électrique insulaire (PEI).
71 000 foyers privés d’électricité à la suite des délestages liés à une nouvelle grève
Une certaine inquiétude
Selon le préfet, « des salariés grévistes se sont introduits à 8 h 30 dans la salle des commandes et ont provoqué l’arrêt d’urgence de l’ensemble des moteurs de la centrale ». La même source assure que la gendarmerie nationale est ensuite intervenue pour « sécuriser la salle des commandes ». Dans l’un de ses communiqués, le préfet dit également avoir « décidé de réquisitionner les salariés nécessaires au fonctionnement de la centrale thermique » et assure que « l’ensemble des services de l’Etat restent mobilisés pour assurer un retour à la normale le plus vite possible ».
A la Guadeloupe, l’annonce de cette coupure généralisée a provoqué une certaine inquiétude, concernant notamment la distribution de l’eau et le fonctionnement de l’hôpital. Selon le communiqué du préfet publié à 16 heures, « 30 % de la population globale dont 80 % de la Grande Terre ne sont plus alimentés
« Les équipes de maintenance ont activé les groupes électrogènes sur l’ensemble des sites concernés » dès la constatation de la coupure, a fait savoir le Centre hospitalier de la Guadeloupe (CHUG). « Les unités critiques de l’hôpital disposent d’une autonomie de soixante-douze heures », a poursuivi le CHUG.
Dans un supermarché du Gosier, près de Pointe-à-Pitre, des habitants poussaient des caddies avec plusieurs packs d’eau et certaines marques manquaient déjà dans les rayons, mais rien de comparable aux instants précédant l’arrivée d’un ouragan, a constaté une correspondante de l’Agence France-Presse. A Jarry, poumon économique de l’archipel, certaines enseignes commençaient à fermer, a constaté une autre correspondante.
Un accord refusé le 21 octobre
Le réseau téléphonique mobile est également instable, a déclaré le préfet. « Il est possible que les lignes téléphoniques des sapeurs-pompiers soient temporairement inaccessibles pour certains usagers », a prévenu sur X la préfecture de Guadeloupe, donnant l’adresse des différents centres de secours de l’archipel où se rendre en cas d’urgence. « Le numéro d’urgence 112 fonctionne sans réseau téléphonique », a-t-elle précisé, à condition que la zone soit couverte par au moins un opérateur mobile.
La Guadeloupe est une zone non interconnectée, ce qui signifie qu’elle doit produire elle-même son électricité pour satisfaire la demande sur le territoire.
Le conflit opposant la branche énergie de la CGTG et la direction d’EDF PEI, qui dure depuis le 15 septembre, concerne l’application d’un protocole d’accord, signé à la fin d’une première grève en 2023. Le conflit, qui avait duré plus de deux mois, portait sur la titularisation d’intérimaires et le rattrapage de cinq ans d’arriérés de salaire. Au 18 octobre, la mobilisation avait occasionné des coupures d’électricité affectant jusqu’à 100 000 foyers.
Lundi 21 octobre, la direction d’EDF PEI avait proposé la signature d’un accord, que la Fédération de l’énergie de la CGTG a refusé, du fait d’un dernier point d’achoppement portant sur le mode de calcul des congés payés.