Le journaliste congolais Stanis Bujakera, détenu depuis plus de cinq mois à Kinshasa, est « peut-être victime » des « tergiversations » de la justice, a estimé jeudi le président de la RDC Félix Tshisekedi, qui dit avoir décidé de « mettre son nez » dans ce dossier.
Correspondant du magazine Jeune Afrique, Stanis Bujakera est jugé pour un article, non signé de son nom, mettant en cause les renseignements militaires dans le meurtre d’un opposant, Chérubin Okende.
Une nouvelle audience de son procès, qui se tient depuis octobre à raison d’une audience toutes les deux ou trois semaines dans la prison où il est détenu, est prévue vendredi.
Depuis son arrestation, le 8 septembre, les appels se sont multipliés pour sa libération, mais toutes ses demandes de liberté provisoire ont jusqu’à présent été rejetées.
En novembre, dans une interview, Félix Tshisekedi avait dit qu’il ne pouvait « pas intervenir » dans la procédure contre Stanis Bujakera, ajoutant qu’il pourrait le faire « peut-être plus tard, s’il est condamné », avec une grâce par exemple.
Mais interrogé jeudi soir lors d’une conférence de presse, le président, largement réélu en décembre dernier pour un second mandat, a estimé que la justice congolaise était « malade, même dans le traitement des dossiers ».
« Je crois qu’il est victime un peu de ça. (…) A cause de leurs tergiversations, peut-être que ce jeune homme est en train de moisir » en prison, a-t-il poursuivi.
Tout en affirmant ne s’être jamais immiscé dans les affaires judiciaires, il a ajouté avoir décidé, « au moins pour une fois » de « fourrer (son) nez dans cette justice ».
Il a précisé avoir demandé jeudi des précisions sur le dossier. « J’aurai les retours demain et je vais prendre la décision qu’il faudra prendre », a-t-il affirmé.
Egalement correspondant de l’agence de presse internationale Reuters et directeur adjoint du média en ligne congolais Actualité.cd, Stanis Bujakera est accusé « d’avoir fabriqué et distribué » une note des renseignements civils incriminant les renseignements militaires dans l’assassinat de Chérubin Okende, retrouvé mort le 13 juillet dans sa voiture avec des blessures par balles.
Depuis plusieurs semaines, le procès piétine, tournant autour de questions d’expertise et contre-expertise de documents et de signatures.