À l’approche de la présidentielle de 2026, le paysage politique béninois se resserre autour de deux duos en lice. Selon la Commission électorale nationale autonome (Céna), seuls Romuald Wadagni & Mariam Chabi Talata et Paul Hounkpè & Rock Judicaël Hounwanou remplissent l’ensemble des conditions prévues par la Constitution et le Code électoral, notamment en matière de parrainage et de complétude des dossiers. Une configuration inédite, qui rebat les cartes du scrutin présidentiel et laisse planer le doute sur une élection que beaucoup pensaient déjà jouée d’avance.*
Une élection à deux vitesses
Dès l’annonce de la validation des candidatures, le constat s’impose : le camp de la mouvance, fort de son expérience et de son appareil politique, part avec une longueur d’avance. Le duo Wadagni–Talata bénéficie d’un capital politique solide, d’un réseau institutionnel déjà en place et d’une image d’efficacité économique portée par l’actuel ministre des Finances. Face à eux, Paul Hounkpè, chef de file de l’opposition parlementaire, et Rock Judicaël Hounwanou, jeune cadre dynamique, incarnent une alternative audacieuse. Leur duo, atypique, surprend par sa complémentarité : expérience politique d’un côté, jeunesse et technicité de l’autre. Ensemble, ils entendent redonner de la voix à une opposition longtemps affaiblie par les réalités du parrainage et la division interne des forces contestataires.
L’exclusion du duo des Démocrates, un tournant
Le refus de validation du dossier du parti Les Démocrates (LD), pour défaut de parrainage, a bouleversé le jeu politique. Beaucoup y voyaient la principale force capable de contester la suprématie du camp présidentiel. Son absence a donc laissé un vide que Hounkpè et Hounwanou tentent désormais de combler. « Nous représentons ceux qui veulent encore croire à une alternance démocratique réelle », aurait déclaré Paul Hounkpè à la sortie d’une rencontre avec ses militants. L’homme, connu pour son franc-parler et son sens du consensus, semble décidé à incarner le visage d’une opposition constructive mais déterminée.
La bataille de l’opinion publique
Si les sondages officieux placent le duo Wadagni–Talata largement en tête, rien n’est encore joué. L’histoire politique du Bénin a souvent démontré que les campagnes peuvent renverser les pronostics les plus établis. Dans plusieurs localités, notamment dans les zones rurales et parmi les jeunes électeurs, le message du changement porté par Hounkpè et Hounwanou commence à trouver écho. Leur discours social, axé sur l’équité, la justice et le redressement économique inclusif, pourrait séduire une frange croissante de la population en quête d’alternatives crédibles.
Un duel d’idéaux et de générations
Plus qu’une simple confrontation électorale, le scrutin de 2026 s’annonce comme un choc de visions. D’un côté, la continuité et la stabilité incarnées par Wadagni–Talata ; de l’autre, la volonté de rupture et de renouveau représentée par Hounkpè–Hounwanou. Le face-à-face promet d’être riche en enjeux : modèle économique, gouvernance, politique sociale, lutte contre la corruption, emploi des jeunes, etc. Chaque camp peaufine ses arguments, conscient que le véritable combat se gagnera sur le terrain, au contact des populations.
Et si la surprise venait de l’opposition ?
Les observateurs avertis le reconnaissent : une campagne électorale reste une aventure imprévisible. Les intentions de vote ne sont jamais figées, et le peuple béninois a souvent su déjouer les calculs politiques. Entre la machine bien huilée de la mouvance et le réveil progressif de l’opposition, le scrutin de 2026 pourrait bien réserver son lot de rebondissements.
Et si, contre tous les pronostics, le duo Paul Hounkpè & Rock Judicaël Hounwanou réussissait à renverser la tendance ?
Boris MAHOUTO
