Bénin/Romuald Wadagni investi candidat : discours d’unité nationale ou simple mirage politique ?

Le samedi à Parakou, sous les applaudissements d’une foule conquise d’avance, Romuald Wadagni a été officiellement investi candidat de la mouvance présidentielle pour l’élection présidentielle de 2026. Dans son discours, l’ancien ministre de l’Économie et des Finances a placé son projet de société sous le signe de la jeunesse, de la paix et de l’unité nationale. Mais une question demeure : avec qui ce chantier d’unité sera-t-il réellement mené ?

Un discours plein de promesses

Dans une posture solennelle, Wadagni a tendu la main aux Béninois et appelé à « dépasser les clivages » pour bâtir une nation réconciliée. Ses mots, portés par une éloquence mesurée, ont suscité l’enthousiasme des partisans présents. L’idée d’une unité nationale fait écho à une aspiration profonde du peuple, souvent fracturé par des tensions politiques, sociales et régionales.

Un contexte politique sous tension

Mais derrière la ferveur, le décor politique reste marqué par des fractures béantes. Le Bénin compte encore des prisonniers politiques et des opposants contraints à l’exil. Le système électoral, dénoncé par une partie de la société civile et de l’opposition, est perçu comme verrouillé. Les libertés individuelles et collectives, selon plusieurs organisations de défense des droits humains, connaissent des restrictions préoccupantes. Dans un tel contexte, l’appel à l’unité semble résonner comme une formule incantatoire.

Unité avec qui ?

L’interrogation centrale demeure : avec qui Romuald Wadagni entend-il construire cette unité nationale ? Avec les partis politiques déjà alignés derrière la mouvance présidentielle, dont la loyauté ne fait plus débat ? Avec une jeunesse qui, malgré son potentiel, réclame davantage de liberté, de participation et d’opportunités réelles ? Ou encore avec une opposition réduite au silence, mais dont le retour dans l’arène est nécessaire pour un véritable pluralisme ?

Entre espoir et scepticisme

Pour ses partisans, Wadagni représente un souffle nouveau, un profil technocratique capable de donner une orientation moderne au pays. Pour ses détracteurs, son discours ne peut masquer la réalité d’un environnement politique verrouillé, où l’unité nationale proclamée ne peut être crédible sans une ouverture effective au dialogue, la libération des détenus politiques, le retour des exilés et la garantie des libertés fondamentales.

L’épreuve des actes

L’investiture de Romuald Wadagni marque une étape majeure dans la bataille électorale à venir. Mais au-delà des mots, c’est la capacité du candidat à transformer ses appels en actes concrets qui sera scrutée par l’opinion publique. Car l’unité nationale, au Bénin comme ailleurs, ne se décrète pas : elle se construit dans la justice, l’inclusion et le respect des droits.

Boris MAHOUTO

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Administrateur Général Adjoint de Cloche media monde