Bénin/Crise interne au parti Les Démocrates : Michel François Oloutoyé SODJINOU brise le silence et dénonce une dérive autoritaire

La tempête continue de souffler au sein du parti d’opposition Les Démocrates (LD). Après plusieurs semaines de tensions internes liées au processus de désignation du duo présidentiel pour la présidentielle de 2026, Michel François Oloutoyé SODJINOU, coordonnateur de la 19e circonscription électorale, est sorti de son silence. Dans une longue déclaration publique, le militant de la première heure dénonce une « crise de gouvernance interne », des pratiques « antidémocratiques » et un « leadership d’un autre âge » qui, selon lui, menacent la survie politique du parti.

« Je ne parle pas par colère, mais par devoir », a-t-il affirmé d’entrée. Pour Michel SODJINOU, son intervention vise avant tout à « sauver ce qui peut encore l’être » dans un parti qu’il a contribué à bâtir dès ses origines. Rappelant les idéaux qui ont guidé la création de Les Démocrates — offrir au peuple béninois une véritable alternative politique fondée sur la justice, la liberté et la transparence —, le coordonnateur déplore que cet idéal soit aujourd’hui « asphyxié par un leadership fermé, dominateur et déconnecté des militants ».

Selon lui, depuis le congrès de Parakou en 2023, qui a marqué un tournant dans la direction du parti, Les Démocrates auraient sombré dans une gouvernance « opaque et clanique ». Il évoque notamment « des discours teintés de régionalisme » et « une prise de décision dans l’ombre », sans consultation de la base.

Un parallèle assumé avec les années FCBE

Dans un ton à la fois ferme et nostalgique, Michel SODJINOU établit un parallèle entre la situation actuelle du parti et les dérives observées au sein des Forces Cauris pour un Bénin Émergent (FCBE) à la fin du régime Yayi Boni. Il rappelle les épisodes douloureux de 2016 et de 2021 : la désignation de Lionel Zinsou, puis de Reckya Madougou, comme candidates présidentielles sans réelle concertation, qu’il qualifie de « décisions imposées d’en haut ». Pour lui, l’histoire semble se répéter avec Les Démocrates : « C’est le même scénario, les mêmes méthodes, la même absence de transparence », déplore-t-il.

Des accusations de “régionalisme” et de “pouvoir personnel”

Le coordonnateur de la 19e circonscription électorale va plus loin : il évoque l’existence d’une « caste » ayant confisqué le pouvoir de décision au sein du parti. Selon lui, les nominations et les orientations politiques seraient désormais « déterminées par l’appartenance régionale ou par la loyauté à un clan », une situation qu’il juge « humiliante et dangereuse pour la cohésion interne ».

Michel SODJINOU dénonce également la centralisation du pouvoir entre les mains du président d’honneur, Boni Yayi. « Le respect que nous devons au président Yayi ne doit pas nous empêcher de dire la vérité. Depuis deux ans, son influence sur les organes du parti est totale. Chaque nomination, chaque décision stratégique porte sa marque », affirme-t-il.

Le débat sur le parrainage et la désignation du candidat de 2026

Concernant la désignation du duo présidentiel pour 2026, Michel SODJINOU dénonce un « processus biaisé » marqué par « manipulations et intimidations ».
Il déplore que les députés aient été « contraints de signer à blanc leurs fiches de parrainage », sans connaître à l’avance le nom du candidat, et fustige la justification d’un « auto-parrainage » qu’il qualifie de « ligne de défense absurde et antidémocratique ».

Le responsable politique évoque aussi « un débat souterrain sur la nécessité d’un candidat du Nord », qu’il juge « abject et contraire à l’esprit d’unité nationale ».
À l’en croire, le choix du jeune avocat Renaud Agbodjo serait déjà « acté », sans validation formelle de la commission compétente.

“Je ne serai pas complice d’une mise en scène”

Dans sa déclaration, Michel SODJINOU prend clairement position : « Je ne reconnais pas le processus actuel de désignation du duo présidentiel. Je ne peux pas être complice d’une mise en scène qui trahit nos principes fondateurs », affirme-t-il avec gravité. Mais il précise aussitôt qu’il ne s’agit pas d’un acte de rupture : « Ce n’est pas un geste de défiance, mais un acte de fidélité à nos valeurs, à nos militants et à notre histoire commune. »

Appel à un sursaut collectif et à la refondation du parti

Dans un ton conciliant mais lucide, le coordonnateur invite ses camarades à « retrouver le sens du collectif, de la vérité et du courage moral ». Il appelle à « reconstruire plutôt que détruire », exhortant le parti à renouer avec la collégialité, la transparence et la participation de la base. « La vraie grandeur politique ne réside pas dans l’autorité, mais dans la capacité à rassembler, à fédérer, à faire confiance », martèle-t-il.

Michel SODJINOU conclut en lançant un appel à l’unité et à la préparation des prochaines législatives : « Concentrons nos forces sur les législatives, gagnons-les avec dignité et préparons l’avenir sans rancune mais sans naïveté. L’histoire retiendra ceux qui ont osé dire non à l’injustice, même quand elle se déguise sous les habits du pouvoir. »

Une parole rare qui secoue la famille LD

Cette prise de position publique, rare à ce niveau de responsabilité, intervient dans un contexte de fortes tensions internes au sein de Les Démocrates, principal parti d’opposition au Bénin. Elle risque d’accentuer le débat sur la gouvernance du parti, déjà secoué par des contestations internes autour de la gestion du président d’honneur Boni Yayi et du processus de désignation du ticket présidentiel.

Reste à savoir si cette sortie isolée ouvrira la voie à un débat interne plus franc ou si elle creusera davantage le fossé entre les différentes sensibilités au sein du parti.
Une chose est sûre : Michel François Oloutoyé SODJINOU a choisi de dire tout haut ce que beaucoup, selon lui, murmurent tout bas.

Boris MAHOUTO

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