Bénin/Crise de parrainage au sein du parti Les Démocrates : la lettre poignante d’Éric Houndété à son “frère et ami” Michel Sodjinou

Le vice-président du parti Les Démocrates, Éric Louis Houndété, a adressé ce mercredi 15 octobre une lettre émouvante à son collègue et ami de longue date, Michel Sodjinou, député à l’Assemblée nationale. Dans cette correspondance empreinte d’émotion, Houndété implore son camarade de remettre sa fiche de parrainage au parti dans l’intérêt supérieur de la nation.

Une lettre qui révèle une tension interne

Depuis plusieurs jours, la tension est palpable au sein du principal parti d’opposition béninois, Les Démocrates, à la veille des élections présidentielles de 2026. Le courrier de Houndété vient lever le voile sur des dissensions internes autour de la question sensible du parrainage des candidats.

Selon l’élu, son “frère et ami” Michel Sodjinou serait resté injoignable depuis plus de deux semaines, après avoir mandaté un huissier pour réclamer sa fiche de parrainage directement auprès du président du parti. “Mes nombreuses tentatives pour rentrer en contact avec toi sont restées vaines. Tu ne décroches pas au téléphone, tu ne rappelles pas ou carrément ton téléphone ne passe pas”, écrit Houndété, soulignant avoir même effectué plusieurs visites infructueuses au domicile de son camarade en compagnie d’autres personnalités du parti.

“Je viens très humblement me mettre à tes genoux”

Dans un ton à la fois fraternel et solennel, Éric Houndété rappelle les liens d’amitié et de lutte politique qui l’unissent depuis l’enfance à Michel Sodjinou. “Nous avons grandi ensemble. Même lorsque nos chemins ont divergé — moi dans l’Union fait la Nation et toi dans les FCBE — cela n’a pas altéré notre amitié”, confie-t-il.
Mais au-delà de cette proximité personnelle, le député insiste sur les enjeux politiques et moraux liés à l’acte de parrainage, qu’il qualifie de “devoir vis-à-vis du parti et du peuple béninois”. “Je viens très humblement me mettre à tes genoux pour te supplier de remettre le parrainage au parti. Je sais que c’est difficile pour toi, mais l’histoire nous interpelle et le Bénin tout entier nous regarde”, implore-t-il, dans un passage fort du document.

Le spectre des divisions internes

La lettre d’Houndété met aussi en lumière les frustrations internes et les “humiliations inutiles” qui auraient miné la cohésion du parti. Il reconnaît les ressentiments nourris par certains cadres à son endroit, tout en soulignant que son camarade Sodjinou aurait souffert lui aussi des “agissements” de certains responsables locaux. “Je sais quelles ont été tes frustrations… Je sais qu’à titre personnel, tu as souffert également des agissements de certains camarades de ta circonscription électorale et de la coordination nationale”, écrit-il avec compassion.

Un appel à la responsabilité collective

Le vice-président des Démocrates en appelle à la transcendance politique et au sens de la responsabilité nationale. Selon lui, les divergences doivent céder la place à l’unité pour préserver la crédibilité du parti et éviter que le blocage d’un seul parrainage ne compromette la participation du parti à la présidentielle. “Il ne devrait pas être dit que la non-remise de ton parrainage a empêché qu’une compétition saine se passe dans l’intérêt du pays”, écrit-il, insistant sur le regard de tout un peuple tourné vers leurs décisions.

Une crise révélatrice

Cette correspondance publique, désormais largement commentée dans les milieux politiques, témoigne du malaise persistant au sein du parti Les Démocrates, à un moment crucial où les formations politiques finalisent leurs duos présidentiels.

Entre loyauté partisane, choix personnel et tensions internes, l’affaire du parrainage de Michel Sodjinou symbolise les luttes d’influence et les fractures de leadership qui secouent l’opposition béninoise à la veille d’une échéance électorale décisive.

La main tendue d’Éric Houndété, empreinte d’humilité et d’appel à la fraternité, suffira-t-elle à apaiser les esprits et à restaurer l’unité au sein du parti ?
Le pays entier, comme le dit le député, observe et attend.

Boris MAHOUTO

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Administrateur Général Adjoint de Cloche media monde