Menace sur la liberté de presse aux Comores
Cinglant réquisitoire de Me Saïd Larifou contre le régime du Colonel Azali
(L’appel de l’homme de droit pour soutenir le journaliste Abdou Moustafa victime d’un « procès fantôme »)
Depuis plusieurs jours, une vague d’indignation secoue les milieux journalistiques et les défenseurs des droits humains aux Comores et à l’international. En cause : l’arrestation et la comparution annoncée d’Abdou Moustafa, correspondant de l’agence Reuters aux Comores, dans ce que l’avocat Me Saïd Larifou qualifie de « procès fantôme ».
Le journaliste, connu pour son professionnalisme et son indépendance, a été placé en garde à vue sans motif valable, selon ses proches et ses confrères. Officiellement, le Parquet de Moroni l’accuse d’avoir « déformé » les propos du président Azali Assoumani dans une dépêche envoyée à Reuters. Une justification qui peine à masquer ce que beaucoup perçoivent comme une tentative d’intimidation visant à museler la presse. « Ce procès n’a qu’un seul but : intimider, dissuader, écraser », dénonce Me Larifou, qui fustige une dérive dictatoriale et appelle à une mobilisation contre cette répression ciblée.
Une justice instrumentalisée
Au-delà du cas Abdou Moustafa, c’est tout le fonctionnement du système judiciaire comorien qui est mis en cause. De plus en plus, la justice semble être un simple instrument au service du régime dictatorial. Les accusations sans fondement, les arrestations arbitraires et les procès aux allures de règlements de comptes politiques se multiplient. Ce climat répressif s’accompagne de décisions controversées au sommet de l’État. Le président Azali Assoumani a récemment attribué, par décret, des pouvoirs présidentiels à son propre fils, nommé Secrétaire Général du Gouvernement. Une décision qui bafoue ouvertement la Constitution de l’Union des Comores et alimente les craintes d’un glissement autoritaire encore plus marqué.
Un appel à la mobilisation
Face à cette situation, l’avocat et homme politique Me Saïd Larifou lance un appel à la mobilisation. Il exhorte la société civile, les défenseurs des droits de l’homme et tous les citoyens attachés à la démocratie à se rassembler jeudi devant le tribunal pour exiger la libération d’Abdou Moustafa et dénoncer l’oppression croissante du régime. Au-delà des Comores, cette affaire soulève une inquiétude plus large sur la liberté de la presse en Afrique, où de nombreux journalistes font face à des menaces, des arrestations arbitraires et des procès iniques. Alors que la communauté internationale commence à réagir, une question demeure : jusqu’où ira le régime Azali Assoumani dans sa dérive autoritaire et dictatoriale ?
CMM