Le sommet du G20, accueilli pour la première fois par l’Afrique du Sud, s’est ouvert ce samedi 22 novembre 2025 sur un événement inattendu : l’annonce d’un consensus déjà acquis autour de la déclaration finale, et ce malgré l’absence remarquée de Donald Trump, dont le boycott planait comme une ombre sur la rencontre. Portée par Pretoria, cette dynamique précoce devient la vitrine d’un multilatéralisme que le président Cyril Ramaphosa a exalté dans son discours d’ouverture.
Une déclaration adoptée avant même la fin du sommet
Fait exceptionnel : la déclaration commune, habituellement dévoilée au terme des travaux, a été rendue publique dès les premières heures du sommet. Une stratégie assumée par Pretoria, qui y voit une démonstration de leadership et d’efficacité diplomatique. « Cette déclaration a fait l’objet de longues discussions, mais elle a finalement été adoptée ce matin », a expliqué Vincent Magwenya, porte-parole de la présidence sud-africaine. « Nous ne reviendrons pas en arrière et elle ne sera pas renégociée. C’est le résultat d’un travail d’un an. »
Pour l’Afrique du Sud, qui assure la première présidence africaine du G20, l’enjeu est immense. Ce consensus anticipé est présenté comme une victoire stratégique dans un contexte international marqué par les rivalités géopolitiques et l’absence des États-Unis.
Ramaphosa célèbre « la valeur du multilatéralisme »
Dans un discours solennel devant les dirigeants réunis au Nasrec Expo Centre, Cyril Ramaphosa a livré une véritable profession de foi en faveur du multilatéralisme. « L’adoption de cette déclaration envoie un signal fort au monde : le multilatéralisme peut produire des résultats », a affirmé le chef de l’État sud-africain. « Elle porte un message d’espoir et de solidarité, et affirme notre engagement à ne laisser aucun pays, aucune communauté de côté. Rien ne doit amoindrir la portée de cette première présidence africaine du G20. » Un message perçu comme une réponse à la montée des tensions et à l’affaiblissement des grandes institutions internationales, souvent paralysées par les rivalités entre puissances.
La déclaration appelle à « une paix juste, complète et durable »
Au cœur du document de trente pages figure un appel appuyé à la paix dans les zones de conflit majeures : Soudan, RDC, territoires palestiniens, Ukraine, mais aussi d’autres foyers de crise. Les dirigeants affirment agir dans le respect des principes de la Charte des Nations unies afin de contribuer à une stabilisation globale.
La référence à l’Ukraine, réduite à une seule mention dans le texte, est notable. Elle intervient au moment où le plan américain pour Kiev secoue les discussions, poussant les Européens à multiplier les consultations internes pour proposer une alternative commune.
En marge du sommet, le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz et le Premier ministre britannique Keir Starmer se sont rencontrés pour tenter d’harmoniser leurs positions. Une réunion élargie à l’ensemble des dirigeants européens présents s’est tenue plus tard dans la journée.
Macron alerte sur un « G20 en fin de cycle »
Lors de son intervention, Emmanuel Macron a dressé un constat préoccupant sur l’avenir du groupe des vingt. Selon lui, le G20 « peine à résoudre les crises internationales » et risque de perdre en pertinence s’il ne redéfinit pas ses priorités. « Le G20 arrive peut-être à la fin d’un cycle », a déclaré le président français. « Nous avons beaucoup de mal, autour de cette table, à régler les grandes crises actuelles. Nous devons être lucides : le G20 est en danger s’il ne se remobilise pas autour de quelques priorités majeures. »
Ses propos illustrent un débat plus large sur l’efficacité des forums multilatéraux dans un monde où les tensions géopolitiques se multiplient et où les absences — comme celle des États-Unis cette année — fragilisent les dynamiques collectives.
Un sommet décisif pour la diplomatie africaine
En s’affichant comme un artisan du consensus, l’Afrique du Sud espère renforcer son rôle sur la scène internationale et valoriser l’engagement du continent dans la gouvernance mondiale.
À Johannesburg, ce début de sommet donne un ton résolument politique : celui d’une Afrique qui entend peser davantage, défendre la coopération internationale et rappeler que, même dans un monde fracturé, le multilatéralisme peut encore être une voie de solutions.
CMM