Un tournant majeur vient de s’opérer au sommet de l’État sénégalais. La ministre de la Justice, Yassine Fall, a été désignée Premier ministre par intérim, scellant de fait l’éclatement désormais irréversible de la relation politique entre le président Bassirou Diomaye Faye et son allié historique, Ousmane Sonko, jusque-là chef du gouvernement.
Cette recomposition, qui secoue la scène politique nationale, confirme les pronostics formulés depuis des mois par plusieurs analystes avertis. Parmi eux, l’ancien chroniqueur politique à BF1 Raphaël Aspavati Nounagnon, qui avait soutenu – dès le lendemain de la victoire du Pastef à la présidentielle – que le tandem Faye–Sonko ne résisterait pas aux réalités du pouvoir. Une prédiction que peu avaient alors jugée crédible, tant la complicité affichée des deux hommes semblait solide.
« Le siège présidentiel n’est pas un banc, mais un fauteuil destiné à une seule personne », rappelait-il à l’époque, soulignant l’inéluctable friction qui finirait par opposer les deux figures majeures de la nouvelle gouvernance. Selon lui, la cohabitation politique entre le président fraîchement élu et son puissant Premier ministre, leader charismatique du Pastef, portait en elle-même les germes d’une confrontation future.
Aujourd’hui, les faits semblent lui donner raison. Le parcours collaboratif de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, pourtant présenté comme un modèle de loyauté politique, a progressivement laissé place à des divergences profondes, notamment sur la gestion de l’État, l’orientation des réformes et la distribution des prérogatives au sein de l’exécutif.
La nomination de Yassine Fall à la primature intérimaire marque ainsi la fin d’une alliance fondatrice qui avait porté le Pastef au pouvoir. Elle ouvre également une période d’incertitude sur l’avenir des équilibres politiques au Sénégal, alors que l’opinion observe avec attention les prochaines décisions du chef de l’État.
Pour beaucoup, cette évolution rappelle une vérité constante dans les jeux de pouvoir : les alliances qui paraissent indestructibles à l’aube d’une victoire peuvent se fissurer dès que les responsabilités institutionnelles redessinent les ambitions. Cette fois, c’est l’un des duos politiques les plus emblématiques du Sénégal contemporain qui en fait la démonstration.
CMM