L’affaire qui opposait les députés Éric Camille Houndété et Joël Godonou à leur parti politique, Les Démocrates, a connu son épilogue ce vendredi à la Cour constitutionnelle. Saisis pour trancher sur la conformité constitutionnelle de leur exclusion du processus de désignation du candidat du parti pour la présidentielle de 2026, les sages de la haute juridiction ont finalement acté la radiation du recours, après le désistement formel des deux parlementaires.
Une requête vite retirée
Par une requête enregistrée le 9 octobre 2025 au greffe de la Cour sous le numéro 2100/429/REC-25, les députés Éric Camille Houndété et Joël Godonou contestaient la « tendance » du parti Les Démocrates à les écarter de la course à l’investiture présidentielle. Selon eux, cette attitude constituait une violation de leurs droits politiques et de l’égalité de chances d’accès aux fonctions publiques, principes garantis par la Constitution béninoise.
Les deux élus, tous titulaires de mandats parlementaires, estimaient que leur statut ne pouvait constituer un motif d’exclusion et qu’ils remplissaient les conditions légales pour se présenter à l’élection présidentielle, notamment au regard du dispositif de parrainage politique introduit par la réforme électorale.
L’argument de l’auto-parrainage
Dans leur argumentaire, les requérants ont longuement insisté sur la légitimité du parrainage par les députés eux-mêmes.
Ils ont notamment rappelé que le Code électoral modifié en 2024 exigeait que chaque duo président/vice-président recueille au moins 15 % des parrainages des députés et maires en exercice, soit 28 parrains sur 186 élus, répartis sur au moins trois cinquièmes des circonscriptions électorales.
Selon eux, rien dans la loi n’interdit l’auto-parrainage. Ils ont d’ailleurs cité le précédent de Mariam Chabi Talata, alors députée en 2021, qui s’était auto-parrainée sans que cela ne soit invalidé. Les deux parlementaires arguaient que ce mécanisme renforçait au contraire la légitimité démocratique des candidats et ne devait pas être interprété comme une infraction à l’esprit de la loi.
Une procédure close avant examen
Cependant, avant même que la Cour ne se prononce sur le fond du dossier, les députés Houndété et Godonou ont adressé, le 10 octobre 2025, une lettre de désistement enregistrée sous le numéro 2109. En conséquence, la Cour constitutionnelle, après délibération, a donné acte à leur désistement et ordonné la radiation du recours du rôle.
Les juges ont précisé que la démarche des requérants relevait d’un contentieux subjectif, c’est-à-dire d’une procédure visant la défense d’intérêts individuels, et non la sauvegarde de l’ordre constitutionnel. De ce fait, le retrait du recours mettait fin à la procédure sans autre examen de fond.
Une décision sans surprise mais riche en enseignements
La décision EP 25-003 du 10 octobre 2025 marque donc la fin de cet épisode juridique et politique. Si le désistement met un terme formel à la contestation, il n’en demeure pas moins révélateur des tensions internes au sein du parti Les Démocrates à l’approche de la présidentielle de 2026. Le parti, qui n’a pas présenté d’observations devant la Cour, devra désormais poursuivre son processus de sélection de candidat sans les deux députés frondeurs, figures connues de la formation dirigée par Éric Houndété, ancien président du groupe parlementaire du parti.
Composition du collège des sages
La décision a été rendue en audience plénière par la Cour constitutionnelle, présidée par Cossi Dorothé Sossa, avec la participation de Nicolas Luc Assogba, Mathieu Gbèblodo Adjovi, Vincent Codjo Acakpo, Michel Adjaka, Aleyya Gouda Baco (rapporteure) et Dandi Gnamou.
La décision sera publiée au Journal officiel de la République du Bénin, conformément à la loi.
En résumé, la Cour constitutionnelle a mis fin à la procédure opposant les députés Houndété et Godonou à leur parti, après leur désistement. Leur contestation de l’exclusion des primaires présidentielles n’a donc pas prospéré. L’épisode met en lumière les fractures internes du parti Les Démocrates, au moment où la bataille pour l’investiture en vue de la présidentielle de 2026 s’annonce décisive.
CMM