Bénin – Médias : L’ODEM sanctionne sévèrement « Le Béninois Libéré » pour dérives éthiques et atteintes à la cohésion nationale

L’Observatoire de la Déontologie et de l’Éthique dans les Médias (ODEM) hausse le ton. Dans une décision rendue publique ce lundi, l’instance de régulation a condamné le quotidien Le Béninois Libéré ainsi que ses journalistes Aboubacar Takou et Akkilou Yacoubou pour violation répétée des règles professionnelles, publications diffamatoires et propos attentatoires à la cohésion nationale et régionale.

Une série de publications jugées “préoccupantes”

Selon l’ODEM, plusieurs articles publiés entre février et juillet 2025, sur le papier, en ligne et via la Web TV du journal, contiennent des attaques personnelles, injures, calomnies et accusations graves visant notamment des personnalités politiques comme Me Adrien Houngbédji, Boni Yayi, Ganiou Soglo ou encore des dirigeants étrangers.

Les titres incriminés sont explicites :
• « Propos mal contrôlés… les 4 péchés de Houngbédji » (03 février)
• « Propos malencontreux… Gbadamassi décrypte le chantage » (04 février)
• « Pourquoi ce revirement insensé… » (05 février)
• « Attaque de Houngbédji : grande conspiration… » (06 février)
• « Le seul rêve de Houngbédji : se faire arrêter » (22 mai)
• « Houngbédji continue la pagaille et risque 12 mois de prison » (05 juin)
• « Encore Yayi chez Houngbédji : le ballet des immortels » (30 juin)
• « Rêve en bois… Ganiou Soglo visiblement plus vieux que son père » (15 juillet)
• « Pendant que Talon dit que le développement est facile… » (22 juillet)

Dans ses constats, l’ODEM cite plusieurs passages jugés particulièrement graves. L’un assimile Me Houngbédji à “un dangereux opportuniste” au “réputation d’homme politique inconscient, versatile, qui ne connaît que l’argent et son ventre”. Un autre le place sur “la liste noire des lugubres personnages qui trouvent des justifications aux coups d’État”.

Des engagements pris… puis bafoués

L’ODEM précise avoir reçu les responsables du Béninois Libéré pour leur rappeler les règles éthiques et déontologiques. Les journalistes avaient alors reconnu des “imperfections” et promis de corriger leurs pratiques éditoriales.
Or, selon l’instance, “en dépit des engagements pris, le journal et ses responsables continuent de mépriser les principes fondamentaux du journalisme et du Code de déontologie et d’éthique des médias”.

Des violations multiples du Code de déontologie

L’Observatoire estime que le média a enfreint les articles 2, 4, 6, 10, 19 et 20 du Code, qui rappellent notamment : la responsabilité sociale du journaliste, le respect de la vie privée et de la dignité des citoyens, le devoir de compétence, l’interdiction d’inciter à la haine raciale ou ethnique et l’attachement à l’honneur professionnel.

L’ODEM rappelle qu’un journaliste doit publier uniquement des informations dont “l’origine, la véracité et l’exactitude sont établies” et traiter avec rigueur tout contenu susceptible de mettre en péril la société.

Un appel à la responsabilité professionnelle


Par cette décision, l’ODEM invite les deux journalistes concernés à se conformer strictement au Code de la presse béninoise. L’institution insiste : “Le traitement de l’information requiert du journaliste, au besoin, de la circonspection.” En vertu de l’article 31 de ses statuts, l’ODEM demande à tous les organes de presse du Bénin de relayer cette décision.

Boris MAHOUTO

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Rédaction Cloche Média Monde