Depuis le 16 juin, la capitale économique du Bénin accueille un important atelier régional consacré au traitement des données des Unités Non Standards (NSU) dans le cadre de l’Enquête Harmonisée sur les Conditions de Vie des Ménages (EHCVM). Organisé conjointement par la Commission de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) et celle de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), l’événement s’inscrit dans la dynamique de modernisation des outils statistiques en Afrique subsaharienne.
Réunissant à l’hôtel Golden Tulip Le Diplomate des experts venus des pays membres des deux communautés économiques régionales, cette session de formation et de concertation s’étale sur cinq jours – du 16 au 20 juin 2025. Elle vise un objectif stratégique : renforcer les capacités des instituts nationaux de statistiques en matière de collecte, de traitement et d’analyse des données issues des unités non standards, souvent marginalisées dans les enquêtes classiques, mais cruciales pour une lecture fine des réalités économiques et sociales.
*Vers une harmonisation des standards statistiques*
En toile de fond de cette rencontre, le Projet d’Harmonisation et d’Amélioration des Statistiques en Afrique de l’Ouest et du Centre (PHASAOC), porté par la Banque mondiale, qui soutient activement l’élaboration de données comparables entre pays afin de mieux cibler les politiques publiques. Dans ce contexte, la prise en compte des unités non standards – comme les travailleurs informels ou les populations vivant dans des habitats atypiques – devient un impératif pour ne pas fausser les diagnostics sur la pauvreté, les inégalités ou l’accès aux services sociaux de base.
Mahamadou GADO, Commissaire de l’UEMOA, a salué les progrès accomplis dans le cadre de l’EHCVM, dont l’édition 2025-2026 avance selon le calendrier établi. Il a particulièrement souligné la qualité du partenariat avec la Banque mondiale, la CEMAC et les autres institutions régionales engagées dans cette initiative, notamment l’AFRISTAT, la BOAD et la BCEAO. Pour lui, « il ne s’agit pas seulement de collecter des données, mais d’en faire un levier de transformation des politiques publiques ».
Son homologue de la CEMAC, Nicolas Beyeme Nguema, a quant à lui mis l’accent sur l’importance de la coopération Sud-Sud entre les deux grandes zones économiques de l’Afrique francophone. Il a rappelé que le traitement rigoureux des données statistiques est la condition sine qua non pour bâtir une économie fondée sur des décisions éclairées. « Ce que nous mesurons mal, nous le comprenons mal, et donc nous le corrigeons mal », a-t-il déclaré.
*Un enjeu technique aux implications politiques majeures*
L’atelier s’est ouvert en présence de hauts représentants des principales institutions financières et techniques de la sous-région, dont la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la Banque mondiale, AFRISTAT, ainsi que le Directeur général adjoint de l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INStaD) du Bénin.
Les participants travaillent, entre autres, sur la validation et l’analyse des données déjà collectées auprès des Unités Non Standards, un processus technique complexe qui nécessite rigueur méthodologique, outils numériques et compétences humaines spécialisées.
*Une étape décisive pour l’Afrique des données*
En organisant cette session à Cotonou, les Commissions de l’UEMOA et de la CEMAC envoient un signal fort : celui de la montée en puissance des systèmes statistiques africains dans un contexte mondial où les données deviennent le nerf de la guerre économique, sociale et environnementale.
Les conclusions de cet atelier, attendues pour le 20 juin, viendront enrichir l’architecture régionale de production statistique, tout en consolidant le rôle des experts nationaux comme maillons essentiels de la gouvernance par la donnée. Car au-delà de la technique, c’est bien la capacité des États à connaître leurs réalités pour mieux les transformer qui se joue à Cotonou.
Boris MAHOUTO