Cela fait plusieurs mois que Lionel Agbo, avocat, homme politique, ancien conseiller spécial du chef de l’État béninois Patrice Talon, s’est éclipsé du paysage public. Son silence, inhabituel pour un homme connu pour ses prises de position tranchées et son franc-parler, suscite interrogations, spéculations et inquiétudes.
Un personnage clivant, une voix qui dérange
Lionel Agbo n’a jamais été un homme politique comme les autres. Ancien candidat à l’élection présidentielle, avocat formé en France, il a oscillé entre engagement critique et collaboration avec les régimes successifs du Bénin. Proche un temps de Patrice Talon, il s’en est éloigné dans des conditions troubles, marquées par des accusations, des menaces et des tensions non élucidées.

Depuis 2019, l’homme s’était imposé comme l’un des rares à s’exprimer sans filtre sur les dérives du pouvoir. Ses sorties médiatiques, parfois provocatrices, souvent très documentées, le plaçaient au cœur des débats politiques, au risque de déranger l’ordre établi.
Une disparition progressive du débat public
Mais voilà : depuis plusieurs années, plus rien. Plus de déclarations, plus d’interviews, plus d’apparitions publiques. Ni ses réseaux sociaux, autrefois animés, ni ses proches collaborateurs ne donnent d’indication sur sa situation actuelle. A-t-il été contraint au silence ? Est-il en exil volontaire ? A-t-il choisi de se retirer définitivement de la scène publique ? Ou subit-il des pressions dont nous ignorons l’ampleur ?
Ce silence tranche avec la personnalité du personnage. Lionel Agbo n’était pas de ceux qui disparaissent dans l’indifférence. Même lorsqu’il était acculé, il trouvait toujours les mots pour dénoncer, accuser, interpeller. Sa voix, qu’on soit d’accord ou non avec ses positions, portait et posait des questions essentielles sur la démocratie béninoise.
Entre inquiétude citoyenne et responsabilité médiatique
Plusieurs observateurs de la vie politique béninoise s’étonnent de cette absence subite d’une voix critique à un moment où le débat politique est très agité. Des journalistes, des activistes des droits humains, des membres de la diaspora, évoquent une inquiétude grandissante. Le Bénin, pays historiquement reconnu pour sa liberté d’expression, peut-il se permettre que des voix critiques disparaissent sans explication ? Aucune source publique comme privée ne révèle la situation actuelle du célébrissime avocat Lionel Agbo et sa posture politique au regard de l’évolution de l’actualité politique nationale. Avocat émérite et homme politique franco-béninois ayant exercé au Barreau de Paris et au Barreau du Bénin, Jacques Lionel Agbo a été candidat aux élections présidentielles de 1996, 2001 et 2006, il est le fondateur du Congrès Africain des Démocrates (CAD), parti politique créé en 1997.
Un appel à la transparence et au respect des libertés
Dans une démocratie, le sort des figures publiques critiques ne peut rester une énigme. Le Bénin ne doit pas se contenter de l’omerta. Il en va de la crédibilité du pays, de la protection des droits fondamentaux, mais aussi de l’équilibre de la vie politique. La société civile, les organisations de défense des droits de l’homme, les journalistes ont le devoir d’interroger : où est passé Lionel Agbo ? Et surtout, pourquoi personne ne semble vouloir répondre à cette question ? Un pays se juge aussi à sa capacité à protéger ses dissidents. Le Bénin, patrie des grandes luttes démocratiques, ne peut pas tourner le dos à cette exigence. Le silence autour de Lionel Agbo est plus qu’une absence : c’est un signal. Il est temps d’y répondre.
Boris MAHOUTO