Plus de 20 corps ont été récupérés mercredi en mer dans le nord du Sénégal après le naufrage d’un bateau de migrants qui cherchaient à rejoindre l’Europe selon des témoignages, a déclaré à l’AFP le gouverneur de la région de Saint-Louis.
« Un peu plus de 20 corps » ont été retrouvés, a dit Alioune Badara Samb, joint par téléphone. Une vingtaine de personnes ont été secourues, a-t-il ajouté.
Il ne s’est pas prononcé sur le nombre de passagers qui se trouvaient à bord de l’embarcation initialement. Mais des témoignages de rescapés recueillis par un correspondant de l’AFP suggèrent qu’un nombre considérable de personnes auraient pris place à bord et seraient donc portées disparues.
Mamady Dianfo, originaire de Casamance (au sud, à l’autre bout du pays), a parlé de plus de 300 occupants quand le bateau a quitté les côtes sénégalaises il y a une semaine. Un autre survivant, Alpha Baldé, a parlé de plus de 200 occupants.
Mamady Dianfo a raconté que le bateau était arrivé au Maroc. Là, « le capitaine nous a dit qu’il était perdu et ne pouvait plus continuer le voyage. On lui a demandé de nous ramener au Sénégal », a-t-il relaté.
Le drame est survenu à l’embouchure de Saint-Louis, notoirement dangereuse, a-t-il déclaré.
« Depuis l’après-midi, nous assistons à l’échouage de corps sans vie », a dit le gouverneur. Les recherches de survivants se sont poursuivies après la tombée de la nuit avec des moyens de la base locale de la Marine nationale, a-t-il dit.
Selon le gouverneur, le bateau pourrait être parti de Joal-Fadiouth, à quelques centaines de kilomètres plus au sud.
Le Sénégal fait face depuis des années à un flot de départs à destination des Canaries, archipel espagnol et porte d’entrée de l’Europe, via la route maritime particulièrement mortifère de l’Atlantique au large des côtes ouest-africaines.
Des milliers de Sénégalais fuyant la pauvreté, le chômage ou l’absence de perspectives d’avenir selon eux se sont embarqués clandestinement sur des pirogues en bois qui peuvent atteindre une vingtaine de mètres et transporter des dizaines de passagers.
Ils versent quelques centaines de milliers de francs CFA (1.000 FCFA = 1,5 EUR) à un passeur et défient les dangers d’une traversée d’environ 1.500 kilomètres pour atteindre les Canaries au bout de sept ou dix jours de navigation.
Fin 2023, il ne passait quasiment pas un jour sans que ne soit rapporté au Sénégal une arrivée aux Canaries, une interception, ou un naufrage.
Selon Frontex, agence exerçant le contrôle des frontières européennes, les migrants provenant du Sénégal sont avec ceux du Maroc, les plus nombreux à arriver aux Canaries.
Le nombre de migrants ayant débarqué en 2023 aux Canaries a triplé en un an pour atteindre le chiffre record de 39.910, selon le gouvernement espagnol.
Sur les plus de 6.600 migrants qui sont morts ou ont disparu en tentant de rejoindre l’Espagne en 2023, l’immense majorité ont péri sur la route atlantique, dit un récent rapport de l’ONG espagnole Caminando Fronteras.
Le président Macky Sall a ordonné en novembre des mesures d’urgence pour endiguer ce flux en pleine expansion.