L’Allemagne va refouler les demandeurs d’asile, à l’exception des enfants et des femmes enceintes
Le chef de la CDU, Friedrich Merz, au siège du parti à Berlin, en Allemagne, le 24 février 2025
Après l’élection de Friedrich Merz, le pays met fin à la politique d’accueil lancée sous l’égide d’Angela Merkel en 2015. La vague d’attentats sans précédent commis ces derniers mois a poussé la droite allemande à se rapprocher de l’extrême droite sur ce dossier.
Une première décision très symbolique. Après une élection qui a failli tourner au fiasco, le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz a demandé ce 7 mai à son ministre de l’Intérieur le refoulement systématique des demandeurs d’asile sans-papiers qui se présentent aux frontières allemandes.
Seule exception à cette nouvelle règle: « les groupes de personnes vulnérables comme les enfants et les femmes enceintes », a expliqué Alexander Dobrindt, le ministre en charge du dossier.
La lutte contre l’immigration illégale, nouvelle priorité
La décision, qui n’est pas une surprise, marque cependant un tournant. Depuis 2015, en pleine crise migratoire, l’Allemagne a largement ouvert ses portes, sous l’impulsion d’Angela Merkel, issue de la CDU, tout comme Friedrichz Merz.
Au pic de sa politique d’accueil, elle avait accueilli jusqu’à un million de personnes, principalement syriennes et afghanes. À l’époque, les polices aux frontières avaient été autorisées à laisser passer les personnes sans titre d’identité ni demande d’asile faite en bonne et due forme.
Mais la campagne des législatives à l’hiver dernier a modifié la donne, sur fond de nette poussée de l’extrême droite. Friedrich Merz avait déjà annoncé la couleur dans son programme en faisant de la lutte contre l’immigration illégale l’une de ses priorités.
Depuis septembre dernier, Berlin avait déjà rétabli les contrôles aux frontières de la France, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas et le Danemark pour une durée de 6 mois. Le dispositif a depuis été reconduit.
Un pays traumatisé par une vague d’attentats
Saluée par la présidente des députés RN Marine Le Pen, le droit européen permet de rétablir sans demander l’accord de ses voisins des contrôles à ses propres frontières. Ils doivent cependant avoir lieu dans un contexte spécifique et ne pas peuvent pas s’appliquer sur le long terme.
En effet, si la décision prise par Friedrich Merz s’installait dans la durée, elle serait considérée par la commission européenne comme une entrave au principe de libre circulation.
Mais le pays a été traumatisé par plusieurs faits ces derniers mois, d’un demandeur d’asile syrien qui a tué à l’arme blanche 3 personnes à l’automne en passant par un psychiatre d’origine saoudienne qui a foncé sur la foule d’un marché de Noël à Magdebourg et un attentat à une voiture-bélier qui a fait 36 blessés à Munich à 10 jours des élections législatives.
L’Allemagne a pourtant été pendant des années moins touchée par le terrorisme que ses voisins européens. Ces évènements ont profondément secoué l’opinion allemande ces derniers mois, entraînant un rapprochement inattendu entre Friedrich Merz, alors le candidat de la droite conservatrice et l’AfD (Alternative für Deutschland), rompant ainsi un tabou post-Seconde Guerre mondiale.
« Ouverture » du pays
Le rétablissement des contrôles décidés ce mercredi confirme donc le virage pris par Berlin avec sa politique migratoire, après avoir été pendant des années une voix isolée en Europe par son accueil.
Entre 2022 et 2023, ce sont un million d’exilés ukrainiens qui ont trouvé refuge outre-Rhin. L’Allemagne reste d’ailleurs le pays qui accueille le plus grand nombre de demandeurs d’asile en Europe, avec près de 330 000 primo-demandes enregistrées en 2023, loin devant l’Espagne (160.460) et la France (145.095).
Francisco LAWSON
Immigration en Allemagne : le refoulement systématique des demandeurs d’asile, à l’exception des enfants et femmes enceintes

Rédaction Cloche Média Monde