OL-PSG : Comment Bradley Barcola a-t-il pu devenir l’ennemi public numéro un des supporteurs lyonnais ? COUPE DE FRANCE•L’attaquant parisien de 21 ans, qui va retrouver son club formateur ce samedi (21 heures) à Lille, est considéré comme un « paria » par une grande partie du public Lyonnais opposé à Maxence Caqueret et à Clinton Mata lors du précédent PSG-OL, le 21 avril en Ligue 1 au Parc des Princes (4-1), Bradley Barcola va retrouver ses anciens partenaires, ce samedi à Lille, dans une ambiance électrique le concernant.Ici opposé à Maxence Caqueret et à Clinton Mata lors du précédent PSG-OL, le 21 avril en Ligue 1 au Parc des Princes (4-1), Bradley Barcola va retrouver ses anciens partenaires, ce samedi à Lille, dans une ambiance électrique concernant. -
L’essentielL’Olympique Lyonnais et le Paris Saint-Germain vont disputer ce samedi (21 heures) à Lille la finale de la Coupe de France.L’un des principaux atouts offensifs du PSG, Bradley Barcola (21 ans), sera à cette occasion encore conspué et insulté par les supporteurs lyonnais.Ceux-ci lui reprochent à la fois son départ précipité de son club formateur, après quatre mois comme titulaire en Ligue 1, mais aussi ses provocations face à eux lors du précédent affrontement au Parc des Princes.Tous les supporteurs lyonnais étaient euphoriques comme rarement mardi, deux jours après une miraculeuse qualification en Ligue Europa. Pour couronner le tout, l’OL leur avait ce jour-là ouvert les portes de la séance d’entraînement du groupe professionnel, avant la finale de Coupe de France de ce samedi (21 heures) à Lille contre le Paris Saint-Germain.
Tout se présentait au mieux, avec les noms de Pierre Sage et d’Anthony Lopes scandés à l’unisson, le chant consacré au héros de la fin de saison Alexandre Lacazette. Puis est très vite venu un autre chant plus inattendu mais tout autant repris, « Barcola, n…. ta mère ».
NTM Celui-ci avait été lancé pour la première fois par les virages lyonnais le 3 septembre 2023, dans la foulée du juteux transfert de Bradley Barcola au PSG (50 millions d’euros€, bonus inclus). Cet OL-PSG (1-4) en Ligue 1 avait donc marqué les retrouvailles rapides, et dans une ambiance délétère, entre le joueur de 21 ans et son club formateur.
Depuis, ce chant insultant est régulièrement lancé dans les travées du Parc OL, et il accompagnera à coup sûr l’échauffement parisien à Lille. Mais comment le jeune attaquant retenu par Didier Deschamps pour l’Euro 2024 a-t-il pu devenir l’ennemi public numéro un des supporteurs lyonnais, carrément devant Claudio Beauvue et Karl Toko Ekambi ?
Formidable académie. Quand on connaît l’attachement passionnel liant à vie les fans de l’OL à la majeure partie des joueurs sortis de la « formidable académie » (coucou Karim), et qu’on repense à la spectaculaire éclosion de Bradley Barcola sous le maillot lyonnais en 2023 (5 buts et 9 passes décisives sur ses 17 derniers matchs), au bout de 13 années passées au club, cela semble être un mystère. 20 Minutes vous décrit cinq épisodes clés d’une année électrique entre les deux camps, avec l’éclairage de supporteurs lyonnais.
1er juillet 2023 : Barcola rejoint Jorge Mendes. Quatre mois de (très) haut niveau en Ligue 1, après avoir été proche d’un prêt dans le modeste club de Saint-Gall (D1 suisse) en janvier 2023, ont suffi à placer Bradley Barcola dans le viseur du boss mondial des agents de footballeurs Jorge Mendes. Si bien qu’en plein mercato, l’annonce par son agence Polaris Sports sur les réseaux sociaux (« Une nouvelle star rejoint l’équipe ») marque un tournant.
L’agence Polaris Sports de Jorge Mendes, très proche de la direction du PSG, annonçait le 1er juillet 2023 collaborer avec le jeune Bradley Barcola, inconu du grand public six mois plus tôt.L’agence Polaris Sports de Jorge Mendes, très proche de la direction du PSG, annonçait le 1er juillet 2023 collaborer avec le jeune Bradley Barcola, inconu du grand public six mois plus tôt. - Capture d’écran du compte Instagram de Polaris Sports Vincent (supporteur de 32 ans) : « Ce jour-là, je me dis « rideau ». Rayan Cherki s’était certes rapproché de la famille Mbappé sans rejoindre le PSG derrière. Mais je sens que pour Barcola, son aventure chez nous est hélas terminée. Ça valide le fait qu’on est face à un jeune joueur mercenaire, qui colle à la fois au foot actuel et à l’institution voulue par Jean-Michel Aulas. L’OL était devenu une bergerie géante, où des joueurs comme Ndombele et Aouar se retrouvaient proposés à des grands clubs avant même qu’ils ne veuillent partir de Lyon ».
22 juillet 2023 : Le joueur poste une photo énigmatique Le lien (évidemment) établi Barcola-Mendes-PSG commence à affoler les médias traitant du mercato. Et là surprise, Bradley Barcola publie dans une story Instagram une photo de lui enfant, sous le maillot de l’OL, avec une image de lion et des cœurs rouge et bleu. Un mois plus tôt, dans une interview à L’Equipe, il martelait son souhait de rester à Lyon : « J’ai une saison à confirmer. Il ne faut pas oublier que j’ai juste fait six mois. Je suis bien à l’OL, je ne vois pas pourquoi je partirais. J’ai besoin de faire une saison pleine dans la peau d’un titulaire ».
En postant cette story Instagram, Bradley Barcola a redonné beaucoup d’espoir aux supporteurs lyonnais, le 22 juillet 2023.En postant cette story Instagram, Bradley Barcola a redonné beaucoup d’espoir aux supporteurs lyonnais, le 22 juillet 2023. - Capture d’écran du compte Instagram de Bradley Barcola Quentin (supporteur lyonnais de 23 ans) : « Quand je découvre cette story, je me dis direct qu’il est certain de rester au club et qu’il veut faire taire les rumeurs. Ça ne peut pas signifier autre chose dans le contexte du mercato, il ne peut pas jouer avec nous comme ça… Pour moi, il en profite là pour montrer qu’il a un amour inconditionnel pour le club. Quand on voit la suite de l’histoire, c’est blessant, on a eu le sentiment de prendre un coup de couteau dans le dos ».
3 septembre 2023 : Le Parc OL insulte son ex-attaquant. Dès l’échauffement des joueurs parisiens, puis à l’annonce des compositions d’équipes, une bronca et des insultes à tout-va s’enchaînent au Parc OL pour ce Lyon-PSG. La véritable haine des virages à l’encontre de Bradley Barcola redouble à son entrée en jeu en fin de rencontre, avec donc ce fameux chant qui tourne en boucle.
Bradley Barcola a subi une bronca mémorable à chaque ballon touché, lors de son entrée en jeu au Parc OL le 3 septembre dernier, soit seulement trois jours après avoir quitté son club formateur.Bradley Barcola a subi une bronca mémorable à chaque ballon touché, lors de son entrée en jeu au Parc OL le 3 septembre dernier, soit seulement trois jours après avoir quitté son club formateur. - Mourad ALLILI/SIPAManon (supportrice de 23 ans présente dans le virage nord ce soir-là) : « Barcola a quitté le navire dans la pire période possible, quand on avait besoin de son talent et qu’on ne pouvait pas recruter derrière à cause des sanctions de la DNCG. Moi la première, je le hue et je le siffle sur ce match, puis je participe à ce chant, avec plaisir même. Ça fait partie du foot mais je suis consciente que l’insulter, et encore pire insulter sa mère, ajoute de l’animosité. Mais c’est un enfant du club et il est censé respecter ce blason. Je comprends sa rage envers les supporteurs mais il pourrait avoir un minimum de respect envers l’institution, et les formateurs et membres du staff qui ont participé à sa réussite ».
21 avril 2024 : Barcola chambre le parcage lyonnais.Comme sept mois plus tôt à Décines, les supporteurs lyonnais présents au Parc des Princes insultent leur ancien joueur dès l’avant-match. En réponse, celui-ci célèbre vivement les deux rapides premiers buts du PSG (qui ne sont pas de lui) en se dirigeant volontairement vers le parcage rhodanien pour le chambrer.
Sébastien (supporteur lyonnais de 40 ans) : « Ça ne m’aurait pas réellement dérangé qu’il célèbre les buts du PSG, mais cela signifie en étant heureux avec ses partenaires. Là, ce n’est pas le cas, sa première idée est d’aller provoquer les mecs du parcage. Il ne se grandit pas avec cette attitude. Sportivement, il a bien fait de rejoindre Paris, mais d’un point de vue humain, il est devenu un paria dans son club de cœur ».
22 avril 2024 : « La justice de Dieu » a frappé. Au lendemain de ce match facilement remporté par le PSG (4-1), Bradley Barcola se fend d’un nouveau message mystérieux sur son compte Instagram. On le voit célébrer le but de Marco Asensio en direction des supporteurs lyonnais, avec pour seul message « la justice de Dieu ».
Bradley Barcola a beaucoup fait réagir après son post Instagram sur « la justice de Dieu ».Bradley Barcola a beaucoup fait réagir après son post Instagram sur « la justice de Dieu ». - Compte Instagram de Bradley Barcola Gary (supporteur lyonnais 40 ans) : « Pour moi, le post Instagram est encore plus grave que la célébration provocatrice de la veille. Bradley avait l’occasion de corriger le tir à froid : s’il avait expliqué sur les réseaux qu’il respecterait toujours l’OL, ça aurait pu apaiser beaucoup de choses. Au vu de son message, il se porte en victime et il semble ne pas regretter son geste ».
« Une célébration un peu limite » selon Tolisso. Si les supporteurs lyonnais sont unanimement révoltés par le comportement de Bradley Barcola lors du dernier PSG-OL, qu’en est-il de ses anciens coéquipiers ? 20 Minutes a interrogé Corentin Tolisso à ce propos mardi. Celui-ci révèle que le vestiaire lyonnais a eu beau accueillir l’attaquant parisien après ce match au Parc des Princes, le champion du monde 2018 lui voit certains torts.
« Franchement, je ne lui en veux pas d’être parti l’été dernier, indique-t-il. On lui a proposé quelque chose qui ne pouvait pas forcément se refuser à cet âge-là. Par contre, sur sa célébration, c’était un peu limite et on peut un peu lui en vouloir. C’est une petite erreur de jeunesse qu’il a faite dans l’euphorie, il s’en rendra compte tôt ou tard. Il a peut-être mal géré les insultes des supporteurs. Mais il a fait le choix de partir et je ne pense pas qu’il puisse en vouloir aux supporteurs de lui en vouloir. Ils le considéraient comme un enfant du club et s’il en est arrivé là, c’est aussi grâce à eux. »
Cette célébration du natif de Lyon, qui rappelle davantage le trash talk ultime d’Emmanuel Adebayor lors d’un Manchester City-Arsenal de 2009 que l’habituelle retenue d’un joueur affrontant son club formateur, n’a pas non plus été appréciée par la direction du club. L’un des anciens formateurs de Bradley Barcola à l’OL, Eric Hély, alors à la tête des U19 nationaux et de la Youth League, assure : « Il peut y avoir eu des maladresses dues à la jeunesse mais Bradley est une bonne personne. Il a toujours été très attaché à l’OL et fier d’être lyonnais. Je me doute que sentimentalement, les supporteurs ont du mal à accepter ce transfert. Mais il faut comprendre que tout le monde y a trouvé son compte, l’OL comme le joueur. Les jeunes représentent la principale valeur marchande pour un club comme Lyon ».
Un salaire quasiment multiplié par sept au PSG Ancien emblématique formateur à l’OL, Armand Garrido complète : « Barcola a tout ramassé sur la tête car il a selon moi été mal conseillé dans sa com. Mais le club n’allait pas se priver d’un chèque de 50 millions d’euros, surtout quand on se souvient qu’un Houssem Aouar était parti libre, alors que l’OL avait refusé 335 m d’Arsenal trois ans plus tôt. L’OL n’a-t-il finalement pas plus fait partir Barcola que celui-ci n’a voulu quitter Lyon ? ».
Au vu du flou entretenu par John Textor depuis ce mercato estival 2023, avec les départs tardifs des espoirs du club Lukeba et Barcola, qu’il avait pourtant présentés comme non transférables quelques semaines plus tôt, la question est légitime. « Personne n’a été clair sur ce transfert et cette mauvaise gestion a entraîné une incompréhension totale chez les supporteurs, estime Daniel Cheraitia, président de l’AS Buers, club de quartier de Villeurbanne où Bradley Barcola a débuté le football. Tout cela a affecté Bradley, qui a tout donné pour le club et qui vient d’une famille attachante et très bien éduquée. »
NOTRE DOSSIER SUR L’OL
Un proche de l’ex-ailier lyonnais va plus loin : « Les gens ne se rendent pas compte que Bradley a longtemps galéré avant d’obtenir un peu de temps de jeu à l’OL. Les supporteurs se sont vengés sur lui mais même le Bad Gone le plus extrême aurait accepté un tel contrat, avec un salaire passant de 80.000 à 550.000 euros mensuels ». Un argument de taille, mais qui n’empêchera pas le fameux chant insultant de résonner encore, ce samedi au stade Pierre Mauroy.