La journée du lundi 13 octobre aura été l’une des plus animées de ce début de semaine politique. Tandis que la Commission électorale nationale autonome (CÉNA) recevait le tout premier duo de candidats à la présidentielle d’avril 2026, celui de la mouvance présidentielle conduit par Romuald Wadagni et Mariam Chabi Talata Zimé, l’opposition emmenée par l’ancien président Boni Yayi faisait durer le suspense autour de son propre ticket électoral. Deux événements majeurs, deux ambiances, et déjà un avant-goût de la bataille qui s’annonce pour la magistrature suprême.
Le duo Wadagni–Talata ouvre le bal à la CÉNA
Aux environs de 16 heures, le duo Romuald Wadagni – Mariam Chabi Talata Zimé a foulé le parvis de la CÉNA, sous les acclamations d’une foule compacte et enthousiaste. Fanfares, chants, pancartes et drapeaux aux couleurs de la mouvance présidentielle : l’atmosphère avait tout d’un grand jour de campagne avant l’heure.
Le ministre d’État aux Finances, dauphin investi du président Patrice Talon, était accompagné de sa colistière, l’actuelle vice-présidente de la République. Tous deux ont déposé, dans une salle aménagée pour la circonstance, leur dossier de candidature pour l’élection présidentielle d’avril 2026.
Autour d’eux, plusieurs figures de la majorité étaient présentes : Abdoulaye Bio Tchané, président du Bloc Républicain, Claudine Prudencio du Rassemblement National (RN), ainsi que plusieurs ministres et cadres de la mouvance. La scène, soigneusement orchestrée, visait à montrer l’unité du camp présidentiel et la continuité de la ligne politique actuelle. « Nous sommes venus accomplir un devoir républicain, dans la sérénité et la confiance », a confié un proche du duo peu avant le dépôt des dossiers. Le duo Wadagni–Talata devient ainsi le premier ticket officiel enregistré à la CÉNA depuis l’ouverture de la phase de dépôt, le 10 octobre dernier.
Silence stratégique et tension chez Les Démocrates
Pendant ce temps, du côté de Fafadji, siège du parti Les Démocrates, l’ambiance était bien différente. Toute la journée, militants, cadres et curieux se sont massés devant les locaux du parti, attendant l’annonce officielle du duo de l’opposition.
En présence de Boni Yayi, président du parti et figure tutélaire de l’opposition, les tractations se sont poursuivies jusque tard dans la soirée. Les discussions, parfois houleuses selon certaines indiscrétions, n’ont pas permis d’aboutir à une décision définitive. « Quand c’est dur, seuls les durs avancent… Nous avons vaincu », a lâché à la fin de la journée Guy Mitokpè, visiblement soulagé, laissant entrevoir qu’un accord de principe aurait été trouvé sans qu’il ne soit encore rendu public.
Ce suspense entretenu par le parti de Boni Yayi pourrait bien être une stratégie calculée pour maintenir la pression et capter l’attention médiatique dans les prochains jours. Selon certaines sources internes, plusieurs noms circulent encore.
Un début de campagne avant la lettre
Ces deux scènes parallèles illustrent la polarisation du paysage politique béninois à l’approche de la présidentielle. La mouvance taloniste mise sur la continuité et la stabilité, incarnées par le tandem Wadagni–Talata, tandis que l’opposition tente encore de fédérer ses forces autour d’un leadership commun.
La journée du 13 octobre marque donc le véritable coup d’envoi de la bataille électorale de 2026, entre ferveur populaire, calculs politiques et stratégies de communication millimétrées. Une chose est sûre : à Ganhi comme à Fafadji, le compte à rebours est bel et bien lancé.
CMM