La recomposition en cours sur l’échiquier politique national vient de franchir un nouveau cap. Les six députés ayant récemment claqué la porte du parti d’opposition Les Démocrates ont été reçus, dans l’après-midi du jeudi 13 novembre 2025, par deux figures majeures de la mouvance présidentielle : Abdoulaye Bio Tchané, président du Bloc Républicain (BR), et Joseph Djogbénou, président de l’Union Progressiste le Renouveau (UP-R).
Une rencontre stratégique, tenue au siège du BR à Cotonou, qui confirme la volonté de ces élus d’engager une nouvelle trajectoire politique.
Un conclave discret mais hautement symbolique
Adjovi Chantal, Do-Rego Léansou, Joël Godonou, Denise Hounmenou, Constant Nahum et Patrick Djivo, tous élus sous la bannière des Démocrates, ont officiellement entamé les démarches pour intégrer l’un des deux partis phares du camp présidentiel. Leur départ du parti de Boni Yayi, annoncé quelques jours plus tôt, avait déjà provoqué une onde de choc dans les rangs de l’opposition.
Ce conclave intervient dans un contexte politique marqué par l’appel à la réconciliation lancé récemment par le président Patrice Talon. Lors de sa dernière intervention médiatique, le chef de l’État avait ouvertement tendu la main aux acteurs politiques en invitant à un dépassement des clivages partisans. Un message manifestement entendu par les démissionnaires.
Des “préalables” posés pour une intégration en douceur
À l’issue de la rencontre, Patrick Djivo, porte-parole du groupe, s’est montré satisfait du déroulement des discussions. Selon lui, cet échange constituait « une étape préalable » à leur intégration formelle. « Nous avons eu une séance très enrichissante, parce qu’il faut établir le préalable en toute chose. C’est pour le préalable que nous sommes venus et je crois que ça s’est bien passé. Nous partons sur de bons pieds », a-t-il confié à la presse.
Interrogé sur ces conditions initiales, l’élu assure que les préoccupations et ambitions politiques du groupe ont été entendues. « Nos aspirations ont été prises en compte et tout se passera en parfaite symbiose. Nos préoccupations du moment sont considérées. (…) Je sors ragaillardi, content et prêt à mouiller le maillot », a-t-il ajouté, sous-entendant que les discussions ont également porté sur les perspectives électorales à venir.
Une recomposition politique en marche
Le rapprochement entre ces dissidents de l’opposition et les ténors de la mouvance présidentielle n’est pas anodin. À quelques mois d’échéances électorales déterminantes, cette initiative pourrait bien inaugurer une nouvelle dynamique politique.
Pour le BR et l’UP-R, l’arrivée de ces députés renforcerait leur poids à l’Assemblée nationale, tout en affaiblissant davantage le principal parti d’opposition. Pour les démissionnaires, il s’agit d’une opportunité de poursuivre leur carrière politique dans un environnement jugé plus stable et plus ouvert.
Vers une redéfinition des rapports de force ?
Ce conclave, hautement symbolique, marque le début d’un processus d’intégration qui pourrait avoir des répercussions majeures sur la configuration politique nationale. Les prochains jours seront déterminants pour savoir dans quel parti ces élus choisiront de poursuivre leur engagement et comment leur arrivée sera organisée.
Une chose est certaine : la scène politique béninoise entre dans une phase de réalignements où alliances, ruptures et nouveaux pactes pourraient redessiner le visage de la compétition politique à l’approche des élections.
Boris MAHOUTO
