La controverse grandit aux Etats-Unis, où l’on dénonce un conflit d’intérêts et un danger pour le pays à accepter un tel cadeau d’une puissance étrangère
« Le Boeing 747 a été donné à l’armée de l’air américaine et au ministère de la Défense, pas à moi ! » a déclaré fermement le président Donald Trump mercredi face à la controverse grandissante autour d’un appareil offert par le Qatar. « Il sera utilisé par notre gouvernement comme avion temporaire d’Air Force One, jusqu’à l’arrivée de nos nouveaux Boeing, qui arrivent très tard », a-t-il précisé sur son réseau Truth Social.
Dans cette déclaration qui tente de désamorcer la polémique, le chef d’État américain défend ce qu’il considère comme une transaction avantageuse pour les contribuables américains : « Pourquoi nos militaires, et donc nos contribuables, devraient-ils être contraints de débourser des centaines de millions de dollars alors qu’ils peuvent les obtenir gratuitement d’un pays qui veut nous récompenser pour un travail bien fait ? »
Cette polémique intervient alors que le président a entamé mardi une tournée au Moyen-Orient qui prévoit notamment une escale au Qatar lors de laquelle la transaction devrait être officiellement annoncée. L’avion en question, un Boeing 747-8 estimé à 400 millions de dollars (environ 358 millions d’euros), est au cœur d’une tempête politique aux États-Unis.
Des sénateurs démocrates dénoncent ce cadeau, rappelant que la Constitution américaine interdit formellement aux représentants du pouvoir d’accepter des présents « de la part d’un roi, d’un prince ou d’un État étranger ». Selon eux, ce don « crée un conflit d’intérêts évident, soulève de graves questions de sécurité nationale, invite à l’influence étrangère et sape la confiance du public dans notre gouvernement ».
Les inquiétudes concernent particulièrement la sécurité nationale, l’Air Force One n’étant pas un simple moyen de transport présidentiel mais un véritable centre de commandement mobile conçu pour permettre au président de diriger le pays en cas d’attaque contre les États-Unis. Beaucoup pointent le casse-tête sécuritaire que représenterait l’inspection de l’appareil par les services compétents, afin de s’assurer qu’aucun dispositif de surveillance n’y a été placé par le Qatar.
L’administration Trump justifie cette démarche par la nécessité de remplacer les deux Air Force One actuels, des Boeing 747-200B vieillissants mis en service en 1990. Les nouveaux appareils commandés à Boeing devaient initialement être livrés avant fin 2024, mais l’entreprise aéronautique, confrontée à de multiples difficultés, accumule les retards de livraison. « Ces importantes économies seront plutôt investies dans ‘Make America Great Again’ ! Seul un imbécile refuserait ce cadeau au nom de notre pays », a insisté Donald Trump.
Face à l’ampleur de la controverse, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a tenté de rassurer en affirmant que « les détails juridiques de cette offre sont encore en train d’être étudiés » et que tout don « est toujours réalisé dans le respect total de la loi ». « Nous nous engageons à la plus grande transparence », a-t-elle ajouté.
Pour contourner l’obstacle constitutionnel, l’administration précise que l’avion serait offert au ministère de la Défense et non au président en tant qu’individu. Elle affirme également que le Qatar ne cherche pas de traitement de faveur en retour, car « ils connaissent le président Trump et savent qu’il ne travaille qu’avec les intérêts des Américains en tête ».
S’il se concrétise, ce don pourrait représenter le bien le plus onéreux jamais offert au gouvernement des États-Unis.
CMM
« Seul un imbécile refuserait un tel cadeau ! » : Trump réagit à la polémique liée au Boeing qatari

Rédaction Cloche Média Monde